Monseigneur,
vous êtes un Prince de l’Eglise et mon Evêque. C’est à ce double titre que je vous écris. L’Eglise ouvre une page nouvelle ; vous en êtes l’un des acteurs essentiels ; peut-être cette modeste contribution à la réflexion écclésiale ne sera-t-elle pas inutile.
Je termine la lecture de Peut-on encore sauver l’Eglise ?, de Hans Kung.
La forme n’en est pas l’aspect le plus intéressant : qu’un théologien de renom mis sous le boisseau laisse voir dans le style, bien qu’il s’en défende, une certaine amertune, ne peut étonner : pour être théologien on n’en est pas moins homme.
Le fond est plus important.
L’auteur ne mentionne pas, et pour cause (le livre est daté de septembre 2012), le geste prophétique de la renonciation de Benoît XVI ou l’élection de François ; en conséquence, il lui manque une pièce à l’appréciation de l’ancien pontificat et l’espérance qu’ouvre le nouveau.
Mais sa description de l’Eglise, mon Eglise, notre Eglise, celle de Jésus-Christ, est impressionnante.
Pour résumer, selon sa thèse, l’Eglise n’a, depuis la fin du premier millénaire et du fait de son organisation centralisée, cessé de perdre de la substance, d’abord en rompant avec les Eglises d’Orient et de la Réforme puis avec le monde de la pensée et de la science au XIXe siècle.
Le concile avait amorcé un « printemps de l’Eglise » ; il avait rappelé, en particulier, que le pouvoir y est collégialement confié aux évèques. Hans Kung constate que les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI ont été des pontificats de recentralisation et de fermeture des chantiers alors ouverts (œcuménisme, place des femmes, relation au monde, …).
Il propose que l’Eglise constate l’échec de ces plus de 30 ans de restauration et revienne à l’esprit des Pères Conciliaires, par la mise en œuvre des réformes alors envisagées.
Dans l’espérance qu’ouvre le temps nouveau de notre Eglise avec l’élection de François, je suggère que ce livre contribue à la réflexion de l’Eglise.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Cardinal, l’expression de mes fraternelles et très respectueuses salutations.
Daniel Gendrin
Chrétien de la paroisse de St Priest