… productivité …

 encore un tabou !

la productivité est le rapport entre la production d’un bien et les moyens nécessaires pour la réaliser ; c’est un outil de mesure.

une entreprise qui améliore sa productivité produit plus avec moins de moyens

‘est parfaitement sain : le progrès a toujours été le fruit de la recherche d’une économie de moyens pour vivre mieux en se fatigant moins

cool … je suis bien conscient de ce qu’on peut en dire (gaspillage des ressources, pollution, exploitation, stress …) ; il n’empêche : notre vie comparée à celle de nos grands parents a quand même quelques agréments et facilités dont ils auraient bien aimé disposer (confort, temps, richesses culturelles et spirituelles)

 par ailleurs, il faut bien comprendre que, sans gains de productivité, il n’y a pas d’augmentation des rémunérations (sauf à prendre dans les réserves, ce qui n’a qu’un temps) et pas de développement de l’entreprise ce qui, dans un monde en mouvement, est mortel

les gains de productivité, souci permanent de l’encadrement et bête noire des syndicalistes sont essentiels à la vie de l’entreprise et … au pouvoir d’achat (quel que soit le statut de l’entreprise, y compris coopératif)

pour nous autres syndicalistes, qui avons comme métier la défense de l’intérêt des salariés (à court et à moyen / long terme), les gains de productivité ne sont donc pas le diable habituellement combattu mais une nécessité

simplement nous devons veiller (lorsque c’est nécessaire nous battre) à ce qu’ils ne soient pas obtenus n’importe comment – il n’est évidemment pas acceptable de « faire suer le burnous » – et nous avons à négocier la répartition du bénéfice ainsi acquis entre l’investissement – l’avenir de l’entreprise – les salariés – temps de travail, augmentation des salaires – et les autres acteurs.

 Daniel Gendrin

… compétitivité …

Olof Perssonn (le PDG de Volvo) décidera de l’implantation des prochaines lignes de montage de camions en Europe (Suède, France ou Belgique) en fonction de la compétitivité des différentes usines. Vous feriez pareil si vous étiez à sa place ; tout le reste est littérature (ou Mélenchonnerie)

j’imagine d’ailleurs sa réaction si nous avions nationalisé Florange : les futurs investissements européens de Volvo seraient allés ailleurs et toutes les multinationales auraient suivi. Quand on est au pouvoir, on mesure les conséquences de ses actes. Heureusement que Montebourg a été désavoué

secrétaire du CCE de Renault Trucks, j’avais demandé à la direction de jouer cartes sur tables et de nous donner les coûts de fabrication des camions dans chacune des usines du Groupe. Ceci pour mesurer les opportunités qui s’offrent aux usines françaises ou les risques qu’elles courent

à mon grand regret, l’état des relations sociales ne l’a pas permis.

il est temps de quitter les postures et l’incantation : si les syndicalistes ne se saisissent pas des problématiques de compétitivité, la vie le fera pour eux et ils découvriront, comme à Aulnay – et ailleurs – qu’il ne reste qu’à fermer

dommage que la CGT n’y comprenne rien, car les syndicalistes sont comptables de l’intérêt de leurs mandants et la première préoccupation c’est l’emploi ; si on ne sait pas fabriquer des camions au même coût en France qu’en Belgique, viendra le jour où on ne fabriquera plus de camions en France

… et ce n’est pas vrai que des camions …

l’accord national interprofessionnel et la loi qui vient d’être votée vont dans la bonne direction ; pourvu que le PS ne se laisse pas embarquer par les sirènes de la facilité et de la démagogie …

Daniel Gendrin

… sans conditions ? quelle erreur ! …

j’ai écrit que le gouvernement avait mis le paquet – avec son reversement de 20 milliards, sans conditions – sur l’aide aux entreprises privées, pour la raison qu’elles étaient la première source d’emploi

il y a eu 2 types de réactions :

  • distribuer une aide sans la conditionner, ça n’est pas sain

  • si c’est pour que l’argent aille dans la poche des patrons …

je me trompais : ce reversement n’est pas sans conditions, puisque basé sur la masse salariale : seuls les patrons employeurs sont aidés ; plus ils sont employeurs (et meilleurs sont les salaires…), plus ils sont aidés

c’est donc bien l’emploi qui est soutenu

cette aide baisse le coût du travail de 6 % et représente 1 point de PIB

NB : tordons le cou à la légende selon laquelle la mesure ne s’appliquerait qu’en 2014 : si les chèques seront bien touchés en 2014, la recette sera comptabilisée dès 2013.

en résumé : les entreprises (petites et grandes, en perte ou bénéficiaires) voient leur coût salarial baisser de 6 % dès cette année. C’est une mesure simple, rapide, efficace et conditionnée au paiement de salaires.

on peut penser que le coût du travail n’est pas un problème ; peu d’économistes sérieux (donc hors Mélenchonneries) sont de cet avis et ce n’est manifestement pas celui du gouvernement

 deuxième objection : on peut penser qu’une trop grande partie du bénéfice est capté par un trop petit nombre de personnes. C’est une bonne question. C’est même, me semble-t-il, une question centrale, à plusieurs titres ; j’y reviendrai dans une chronique à venir.

 Daniel Gendrin

… l’Europe, malgré tout…

pauvre Europe : tout le monde à son chevet, elle reste l’« homme malade », elle est plus impopulaire que jamais et chacune de ses décisions est obtenue au forceps …

3 remarques :

  • faire un État de 27 pays et obtenir un consensus sur les politiques, cela dans un monde en révolution, ce n’est pas simple ; ce n’est surtout pas rapide … qui s’en étonne quand il faut convaincre 26 confrères ? Mais c’est vrai que cette lenteur a des conséquences

  • le leitmotiv des politiques qui prennent une décision impopulaire est « l’Europe l’impose » comment pourrait-on l’aimer ?

  • toutes les administrations centrales sont perçues comme inutiles et lointaines ; c’est vrai de « Bruxelles » comme de « Washington »

cela dit, que voit-on ?

malgré les prévisions et les espoirs de la presse anglo-saxonne, les allemands n’ont pas cédé aux sirènes et l’Euro survit : comme toujours, jusqu’à présent, la politique a pris le pas sur l’économie (encore était-ce sans doute aussi de la bonne économie)

dans la zone Euro, un parlement ne peut plus voter un budget qui n’a pas été visé au préalable par l’organisme européen ad hoc : l’intégration politique est en marche

on revient partout sur la dérégulation bancaire et un consensus se dessine sur les paradis fiscaux

reste le débat croissance vs austérité ; une évolution se dessine. Après les élections allemandes, les cordons de la bourse se desserreront.

trop lent ? trop peu ? Velléitaire ? facile à dire : quand il y a le feu, il faut l’éteindre ; ceux qui étaient au pouvoir en 2007 / 2008 ont sauvé les meubles. Éteindre un incendie, ça fait des dégâts, c’est bien connu ; c’est ce qu’on paye en ce moment …

une hirondelle ne fait peut-être pas le printemps mais l’Europe continue de prouver sa résilience

Daniel

… dictature …

de Gaulle avait bien fait rire en s’exclamant, devant un parterre de journaliste hilares « pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans je commence une carrière de dictateur ? » … nous étions alors en guerre et il prenait le pouvoir, sinon par un coup de force du moins à l’occasion d’un coup de force (ce n’est pas le débat que je veux ouvrir ici)

pourquoi en parler ? parce qu’on me dit de la gouvernance en France qu’elle se rapproche d’une dictature ! vous imaginez Hollande en dictateur ? … il faut tout de même raison garder …

tout ça parce qu’il ne se laisse pas gouverner par la rue ?

mais chers amis, c’est la démocratie !

j’ai passé des heures dans la rue en 2011, contre la réforme des retraites ; nous étions nombreux – aussi nombreux que dans les mouvements que nous connaissons aujourd’hui – cela n’a pas empêché le gouvernement de l’imposer … que nous ayons eu tort ou raison n’est pas le sujet ; dans la démocratie représentative, ce n’est pas la rue qui fait la loi, c’est le parlement

il est vrai qu’il est douloureux de ne pas y être …

amis de droite, prenez garde : les positions de la droite extrême deviennent sans doute populaires, partout en Europe, mais – partout aussi – elles font peur et c’est à juste titre ; elle n’est pas gagnée la campagne qui les prendra pour base (cf la réélection d’Obama) …

 Daniel

… règle du jeu …

la réaction spontanée est rarement la bonne ; je suis donc déterminé à ne pas publier de textes sur un événement du jour ; je respecterai la même discipline pour mes réactions à vos commentaires

 merci de ne jamais réagir à un de mes écrits le jour même : si le lendemain vous avez oublié votre indignation – ou votre approbation – elle n’était peut-être pas si importante ; si elle reste vive, vous enverrez un texte dépassionné, qui aura plus de pertinence

 donc les réponses du jour même ne seront ni lues ni publiées

 beaucoup de réponses me viennent par mail ; ce serait bien de les envoyer – si elles ne sont pas trop personnelles – sur le site pour en faire bénéficier tout le monde ; pour peu qu’elles ne soient pas insultantes, elles seront toutes publiées, ce qui ne veut pas dire que j’en approuve la teneur ; ce blog sera d’autant plus riche qu’il y aura plus de réactions et qu’elles seront diverses

 l’esthétique de la rédaction a son importance (autant que faire se peut …) ; merci, a minima, de laisser des espaces dans les textes : il seront plus agréables à lire et, partant, plus convaincants

 nous allons essayer de prouver ici qu’on peut faire des débats détendus et intelligents

 si c’est trop exigent, il n’y aura pas de réponses, pas de lecteurs et cela s’arrêtera de soi-même ; après tout, ce que j’ai à dire ne changera pas la face du monde…

 Daniel

… je n’ai pas défilé …

Une bonne partie de ma famille, des amis, beaucoup de gens que j’estime ont manifesté contre le mariage pour tous ; j’ai hésité, je n’y suis pas allé.

Pourquoi ?

Le mariage civil n’est pas l’institution que l’on croit

La société n’est plus fondée sur lui : parmi les couples de jeunes, le PACS est aussi répandu que le mariage et près de 40% des unions se terminent par un divorce.

Le couple marié n’est plus le seul endroit où élever des enfants : ¼ des enfants de moins de 25 ans ne vivent pas dans une famille dont le couple est marié et 30% ne vivent pas chez leurs deux parents (INSEE). Chez les plus jeunes, la proportion est supérieure.

Le mariage s’est effacé à mesure que le divorce était facilité.

Le sens qui lui est donné par la société a changé : c’était l’autorisation donnée à un couple de jeunes de vivre ensemble (et l’obligation de le faire) et la fondation d’une famille. Le premier terme n’est pratiquement plus respecté et l’arrivée des enfants précède souvent le mariage.

Le mariage civil n’est plus que la célébration publique d’un amour. Cela prépare une société différente de celle qui prévalait jusque dans les années cinquante ; on peut le regretter mais la loi qui ouvre le mariage aux homosexuels n’y change rien.

La discrimination des homosexuels n’est pas tolérable

Il ne s’agit pas d’autoriser le mariage civil aux homosexuels, il s’agit d’arrêter de l’interdire. Ce n’est pas exactement la même chose.

Ils étaient des criminels, sont devenus délinquants puis malades et enfin simplement homosexuels ; ils sont hommes ou femmes et, pour les chrétiens, créés à l’image de Dieu.

Cela étant dit, leur espoir d’être reconnus à travers la revendication du mariage est une illusion : si on pouvait obtenir par la loi le respect de la différence, cela se saurait.

Les enfants

Faut-il ouvrir l’adoption aux couples homosexuels ?

Pourquoi les homosexuels seraient-ils moins bons éducateurs ?

Certes, tous les rôles d’éducateurs (père et mère) doivent être tenus, mais ne rêvons pas le monde : les 30% d’enfants qui ne vivent pas chez leurs 2 parents bénéficient de façon très imparfaite de l’éducation de chacun d’entre eux … et ça concerne des millions d’enfants, pas quelques milliers … sans parler des parents qui, en couple hétérosexuel, ne jouent pas leur rôle.

Quant à la connaissance de l’identité du père, le problème se pose à tous les enfants adoptés.

PMA et GPA

Reste la question du « droit à l’enfant » par opposition au « droit de l’enfant ».

Lorsque, par la contraception, la femme est devenue maîtresse (seule ou en couple, selon le choix) de donner la vie quand elle le veut, on a changé de paradigme : l’enfant accède à la vie par une décision et plus par hasard.

De plus, en cas de difficulté, les couples sont aidés par la médecine ; nous sommes depuis longtemps dans le « droit à l’enfant ». Faut-il l’interdire aux homosexuels ? Si oui, pourquoi ?

Pour ce qui est de la GPA, c’est un autre débat (peut-on fait commerce de son corps ?) et il n’est heureusement pas ouvert en France ; ce serait d’ailleurs un paradoxe alors qu’on veut interdire la prostitution.

NB : Mariage et promesse de vie commune

Qu’on me comprenne bien : si le mariage a le plus souvent perdu son sel, cela n’enlève rien à la valeur du choix des couples qui se font – par un mariage, religieux ou civil – une promesse à vie de vivre dans la liberté l’indissolubilité, la fidélité et la fécondité (laquelle ne se résume pas à l’accueil des enfants).

Il est aussi évident que lorsque l’on réussit à jardiner son couple dans la durée, c’est plus riche – matériellement, intellectuellement et spirituellement – et tellement plus simple … mais on sait bien que ce n’est pas toujours possible.

Enfin, pour l’Église Catholique, Jean Paul II a ouvert une porte dans la théologie traditionnelle du mariage en affirmant que l’amour du couple (y compris les gestes sexuels qu’il implique) est prophétique puisqu’il qu’il rend compte, malgré ses limites, de la réalité de l’Amour et donc de Dieu … d’autres portes s’ouvriront …

Conclusion

La société, à force de « softitude » (… merci Ségolène …) a démonétisé le mot mariage depuis longtemps et le couple marié n’est plus la structure de base de la société ; lever l’interdit pour les homosexuels n’y changera rien.

  Je n’ai pas défilé.

Daniel Gendrin