cher ami,
on prétend que l’occident soutient, au Moyen-Orient, les islamistes contre des peuples qui veulent la démocratie … c’est leur prêter beaucoup de pouvoir … et de volonté …
le contexte :
depuis des dizaines d’années les pays arabes sont sous la coupe d’autocrates et de leurs familles
un jour, un banal incident (un policier qui maltraite un vendeur à la sauvette…) provoque une réaction en chaîne ; elle va mettre le feu partout
le couvercle a été trop longtemps fermé ; les jeunes, éduqués, sont au chômage et les moyens de communication donnent des possibilités nouvelles ; la bêtise de la répression fait le reste
lorsque le pouvoir capitule sans trop tarder, comme en Tunisie et en Égypte, il y a des élections ; comment s’étonner de voir les islamistes les gagner ? jusqu’alors persécutés, ils ne sont pas compromis avec le pouvoir précédent ; ils sont organisés, unis, présents partout et assurent la seule aide sociale qui existe … en face, on trouve, dans une myriade de partis, des démocrates désunis et des anciens du régime …
pourtant la victoire des islamistes est limitée ; si en Égypte elle est nette, en Tunisie ils n’ont pas, seuls, de majorité pour gouverner (et en Libye, après la guerre, ils ne vont même pas gagner …)
lorsque le pouvoir résiste, comme en Libye et en Syrie, c’est la guerre
notons qu’au départ, partout, les insurgés ne sont pas des islamistes et que ceux-ci prennent le train en marche ; ce n’est qu’ensuite qu’ils tentent de tirer les marrons du feu et réussissent provisoirement
l’attitude des puissances occidentales
complice de longtemps des autocrates au pouvoir, la France commence par soutenir celui de Tunis ; lorsqu’elle comprend que tout change, elle s’engage aux côtés des insurgés, participant même de manière décisive (avec la Grande Bretagne et les États-Unis) à la chute de Khadafi
ensuite, elle prend acte des résultats des élections (Égypte, Tunisie, Libye) et s’accommode des pouvoirs qui s’installent, sans prendre parti plus avant
la suite …
devant l’incompétence et les échecs des islamistes, la contestation reprend ; le gouvernement est renversé en Égypte et la situation est partout plus incertaine que jamais ; mis à part une demande de libération de Morsi, le silence de la France est assourdissant
Quant à la Libye, bien malin qui sait ce qui s’y passe vraiment
en Syrie, la France n’a plus de politique depuis l’apparition d’islamistes dans les rangs des insurgés – de fait, elle ne fait rien, ou presque -, partagée qu’elle est entre son désir de la chute d’Assad et la crainte du surgissement d’une république islamiste de plus
la Grande-Bretagne a, comme la France, renoncé à toute politique active
quant aux États-Unis, traumatisés par 2 guerres inutiles et perdues – et rêvant d’indépendance énergétique -, ils s’engagent le moins possible, tout en menant la guerre contre Al Quaïda par des moyens non conventionnels (qui auraient sans doute été plus efficaces et moins coûteux en vies humaines que la guerre d’Afghanistan, s’ils avaient été choisis par Bush en 2001)
l’attitude des occidentaux devant les printemps arabes est faite d’impuissance, pas d’ingérence
à te lire, amicalement,
Daniel Gendrin