la Cour des Comptes (cf. partie 3) chiffre le coût de production du parc existant de centrales nucléaires à 50€/MWh et donne la fourchette évaluée par l’OCDE pour un parc d’EPR : entre 70 et 90 € ; pour être fair-play, je retiendrai la moyenne soit 80 €/MWh
par ailleurs, la Cour donne, en juillet 2013, pour les énergies renouvelables, les fourchettes de coût de production suivantes (en €/MWh) :
Solaire thermique | 195 | 689 | |
Solaire photovoltaïque | 114 | 547 | |
Solaire thermodynamique | 94 | 194 | |
Eolien en mer | 87 | 116 | |
Eolien terrestre | 62 | 102 | |
Méthanisation | 61 | 241 | |
Biomasse | 56 | 223 | |
Géothermie | 50 | 127 | |
Hydroélectricité | 43 | 188 |
En rapportant ces chiffres à 80 on trouve un tableau plus parlant (rapport de coût renouvelables / nucléaire)
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où l’on voit que, par exemple, le solaire thermique coûte entre 2,4 et 8,6 fois plus cher que le nucléaire etc…
… et que le coût d’un certain nombre d’énergies renouvelables (éolien terrestre, biomasse, géothermie, hydroélectricité), dans les conditions les plus économiques, est déjà plus faible que celui d’un parc nucléaire neuf
… sachant que le coût des énergies renouvelables baisse rapidement, on peut affirmer que, dans la plupart des cas, le coût de production des énergies renouvelables est tendanciellement plus faible que celui d’un parc de centrales que l’on construirait ex nihilo
mais le coût direct n’est pas tout et d’autres dépenses sont à prendre en compte :
1) le réseau est conçu pour une distribution vers les consommateurs à partir d’un petit nombre de centrales. La distribution à partir de petites unités disséminées sur le territoire impose un changement de logique d’organisation du réseau et des investissements supplémentaires
2) à puissance nominale équivalente, l’investissement nécessaire à la production d’énergie renouvelable est plus élevé
3) la production, principalement dans les cas du solaire et de l’éolien, est intermittente, ce qui induit une désorganisation de la distribution et des coûts supplémentaires
pour le 1er point, nous avons 2 chiffres : la Cour des Comptes affirme que l’adaptation du réseau français aux nouvelles perspectives coûtera 5,5 Mds€ et, d’après la Commission Européenne, le coût pour l’Union sera de 140 Mds€ d’ici à 2020 (CRE décryptages N° 27).
pour le 2è, reportons-nous à un article issu d’un dossier du 24 septembre 2013 consacré au sujet par La Tribune et dont je cite ci-dessous un extrait :
« … Le parc allemand de production d’électricité renouvelable … s’est construit au cours des vingt dernières années …. Le parc électronucléaire français s’est construit lui aussi sur vingt ans …. Les capacités installées sont équivalentes : 60 GW en énergies renouvelables moitié éolien – moitié solaire photovoltaïque en Allemagne, … ; 63 GW nucléaire en France, …. Les coûts d’investissements réalisés sont eux aussi comparables : en euros constants l’Allemagne a investi davantage que la France 120 milliards contre 96 milliards, chiffrage récemment revalidé par la Cour des Comptes [ndlr : pour ma part, j’ai trouvé dans le rapport de la Cour 118 Mds€ en intégrant les dépenses de R&D sur fonds publics]. En revanche, la différence est étonnante au niveau de la production : 75 milliards de KWh produits par an par le parc renouvelable Outre-Rhin ; 410 milliards par le parc nucléaire français. »
il y a donc eu un rapport de 1 à 5,5 entre les coûts d’investissement par KWh produit (une centrale nucléaire produit 80 % de sa capacité théorique quand une installation en éolien ou photovoltaïque fournit 10 à 20% de la sienne)
NB : le rapport de coût d’investissement serait beaucoup plus faible aujourd’hui puisque les coûts d’installation du nucléaire ont plus que doublé pendant que ceux des renouvelables baissaient dans des proportions au moins égales
enfin, l’intermittence pose des problèmes sérieux dès lors que la production d’électricité renouvelable atteint une part importante dans la production totale en désorganisant les mécanismes de gestion du réseau ; c’est une question connexe, mais elle doit être résolue – avec une incidence la plus faible possible sur le coût – si l’on doit choisir, pour renouveler le parc, une solution basée sur les énergies renouvelables.
Les solutions passent par les progrès de la recherche dans le stockage de l’électricité (batteries, hydrogène, …), l’interconnexion des réseaux à l’échelle européenne et le lissage de la consommation grâce aux compteurs intelligents (« smartgrids »)
pour résumer et à partir des données d’organismes incontestables,
- l’électricité issue du parc nucléaire actuel est la moins chère (50€ / MWh) ; peu d’énergies renouvelables s’en approchent
- a contrario, celles-ci présentent souvent un coût comparable voire inférieur à celui d’un parc électronucléaire nouveau, avec la perspective de continuer à baisser et donc d’être moins chères que celui-ci
il y a donc bien, au regard des coûts de production, une alternative et poser la question du choix est légitime
on se penchera en partie 5 sur le retour sur investissement à attendre des économies d’énergie (on ne peut pas parler dans ce cas de coût de production, mais il y a bien un coût et une économie en MWh à attendre)
et puis on tentera une synthèse en partie 6
Daniel Gendrin
Les informations ici présentes sont relativement pertinentes et intéressantes. J’ai beaucoup aimé, cet article est vraiment bien ficelé et cela nous permet d’y comprendre un peu plus car le sujet est moins évident qu’il n’y semble.
Elsa Bastien / streetpress.com
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