… énergie électronucléaire : développement ou repli ? … tentative de synthèse …

l’amélioration de l’efficacité énergétique ne se traduira pas par une baisse de la consommation d’électricité (cf. partie 5) et notre parc de centrales vieillit ; la question de savoir s’il faut le renouveler est bien d’actualité

il fournit actuellement une électricité peu chère (50 €/MWh) ; a contrario, le coût de production d’un parc d’EPR approche celui de certaines énergies renouvelables (biomasse, éolien terrestre) à 90 €/MWh (parties 3 et 4) et l’évolution des coûts ne sera pas en faveur du nucléaire

problème majeur des renouvelables : elles sont intermittentes et l’électricité ne se stocke pas ; il en résulte un coût de distribution élevé, l’obligation de suppléer aux trous de production, la nécessité d’adapter le réseau et de surdimensionner les installations

interconnexion du réseau Européen, mise en œuvre des réseaux intelligents, stockage de l’électricité (batteries innovantes, hydrogène, stockage hydraulique, …) autant de technologies qui permettront de pallier à ces inconvénients

le nucléaire présente, lui aussi, des inconvénients : une ressource non renouvelable (100 ans de réserves au rythme actuel, beaucoup moins au rythme futur) à un coût croissant et des déchets dont on ne sait quoi faire – sinon les enfouir …

pour ces 2 raisons, l’énergie nucléaire me paraît être une solution du passé

enfin, on ne peut pas oublier les trois accidents majeurs (URSS, USA, Japon)

en conclusion :

la bonne question n’est pas nucléaire ou renouvelables ; elle est : comment passer de l’un à l’autre et à quel rythme ?

aurions-nous mieux fait dans les années 70 d’investir dans les énergies renouvelables ? la question semble sans intérêt ; pourtant, nous sommes un peu dans la même situation qu’à l’époque : que fait-on pour l’avenir : renouveler le parc ou investir ailleurs ?

la politique à suivre, pour la France, me paraît devoir être :

  1. poursuivre l’amélioration de l’efficacité énergétique
  2. prolonger la durée de vie du parc d’une dizaine d’années
  3. pallier à l’intermittence dans le cadre Européen
  4. et mettre en place un réseau de production d’énergies renouvelables au niveau nécessaire pour prendre le relais du parc nucléaire

la vraie réponse à la question « nucléaire : développement ou repli ? » est donc, à mon avis, « nucléaire : repli différé »

Daniel Gendrin

PS : je prétends qu’il faut fermer Fessenheim sans attendre, parce que les promesses des politiques doivent être tenues et pour qu’on sache enfin ce que coûte réellement le démantèlement d’une centrale

… énergie électronucléaire développement ou repli ? … partie 5 : actualité du débat …

dans les articles précédents, j’ai analysé, en citant mes sources, les coûts de l’électricité issue des énergies renouvelables et nucléaire

mais la question de l’énergie ne se résume pas à une question de coût ; 2 autres éléments (outre la sécurité) entrent en ligne de compte : la disponibilité des ressources et le réchauffement climatique

nous arrivons, par exemple, au bout du pétrole : transports, habitat, industrie, agriculture, nos petits-enfants, ne connaîtront pas dans le même monde que nous : ils devront vivre sur le renouvellement des stocks et non pas sur les stocks eux-mêmes – ce qui est vrai du pétrole est vrai des autres ressources (l’épuisement, par exemple, dans certaines régions, des stocks d’eau souterraine est terrifiant…)

par ailleurs, la consommation des énergies fossiles a engendré un réchauffement de presque un degré au cours du siècle passé, provoquant des phénomènes extraordinaires – au sens propre – dont, par exemple, un relèvement du niveau des océans de, déjà, 17 cm

NB : nous irons de toute façon au bout du pétrole exploitable : le délai est court (30 ans ?) et il faut du temps pour changer le modèle

nous sommes d’ores et déjà engagés dans un double mouvement : amélioration de l’efficacité énergétique* d’une part et transfert du pétrole vers les énergies électrique** et renouvelables*** d’autre part

la question du choix, pour fabriquer de l’électricité, entre le nucléaire et les renouvelables reste donc, plus que jamais, d’actualité ; c’est ce qui explique la passion que soulève le sujet, particulièrement en France

* amélioration facilitée par une augmentation du prix de toutes les formes d’énergie

** y compris un mix électricité/renouvelables (pompes à chaleur, hydrogène …)

*** par exemple la biomasse pour le chauffage de l’habitat

Daniel Gendrin

PS : rappel des objectifs à l’horizon 2020 retenus par le Conseil Européen : 20 % de diminution de la vente d’énergie, 20% d’énergies renouvelables dans la consommation totale, 20 % de réduction de l’émission des gaz à effet de serre (par rapport à 1990)