… le capital au XXIè siècle de Thomas Piketty … note de lecture ; partie 5 : que faire ? …

selon Thomas Piketty, le monde de nos petits-enfants sera possédé et dirigé par une oligarchie qui devra sa fortune à la fortune elle-même

 nb : la noblesse, dans la France de l’Ancien Régime pesait 2 % de la population

 3 des caractéristiques de ce monde sont :

  • une thésaurisation continue du revenu national, un patrimoine qui se concentre et dont les revenus deviennent importants au regard du revenu national
  • le retour de l’héritage (pour les bénéficiaires)
  • des écarts dans les revenus du travail qui deviennent faramineux (la part prise par les très hauts d’entre eux n’étant plus marginale)

aucune force de rappel naturelle n’existe : l’idée selon laquelle les revenus se rapprocheraient spontanément du revenu moyen ne repose sur aucun fondement théorique solide et n’est pas vérifiée historiquement

 cette évolution est porteuse de menaces – pas seulement mais d’abord sur l’État social

remarquons que le monstre est sorti de sa boîte dans les années 1980 avec la dérégulation Thatcher / Reagan

dès lors que la voie de l’appropriation collective des biens de production n’est pas souhaitée, reste, pour éviter cette évolution, à revenir à une gestion plus raisonnable de la fiscalité en créant, rétablissant ou modernisant 3 impôts :

  • un impôt progressif sur le capital, si possible mondial, à défaut Européen
  • l’impôt progressif sur toutes les successions
  • le rétablissement d’une tranche d’imposition confiscatoire pour les très hauts revenus

place au débat et … à l’action …

Daniel Gendrin

… le capital au XXIè siècle de Thomas Piketty … note de lecture ; partie 4 : l’État social …

quelques chiffres :

les prélèvements obligatoires, exprimés en % du revenu national, sont de :

  • Etats-Unis : 30 %
  • Royaume-Uni : 40 %
  • Allemagne : 45 %
  • France : 50 %
  • Suède : 55 %

 les 3 grandes classes de dépenses de l’État social :

  • fonctions régaliennes 10 % du revenu national
  • éducation et santé 10 à 15 %
  • dépenses de transfert* 10 à 20 %

*essentiellement retraites mais aussi allocations – dont familles – et chômage

les écarts de service expliquent les écarts de prélèvements

 nb : dans le cas de la santé, aux USA, la population compense la faiblesse du service public par des assurances privées ; le coût total est d’environ 20 % du revenu national ; près du double de celui constaté en Europe : un service public efficace coûte beaucoup moins cher que l’équivalent privé (qui ne soigne pas tout le monde)

même constat dans l’éducation

tous les pays riches ont fait le choix d’un Etat social pour prendre en charge, plus ou moins partiellement, un certain nombre de services

mais on ne peut pas avoir un Etat social sans le payer

Daniel Gendrin

à suivre : partie 5 : que faire ?

… le capital au XXIè siècle de Thomas Piketty … note de lecture ; partie 3 : les revenus …

nous avons vu que le capital tendait à retrouver la place, centrale, qu’il occupait aux XVIIIè et XIXè siècles

ce retour est régit par des lois mathématiques vérifiées par l’expérience et il n’existe pas de force de rappel spontanée

que dire des revenus ?

quelques points :

le revenu du capital représente aujourd’hui 30 % du revenu total, pourcentage qui croît avec le mouvement d’accumulation

1/4 de la totalité des revenus de la génération de nos-petits enfants viendra de l’héritage qui retrouvera donc une place importante dans le revenu de ceux qui en bénéficieront (50 % d’entre eux)

en Europe, les classes supérieures perçoivent 35 % du revenu total ; aux Etats Unis, 50 % – en 1970 la situation y était comparable (un peu plus de 30%) ; les écarts se sont creusés beaucoup plus qu’en Europe

en 1980, les Etats-Unis ont supprimé les impôts confiscatoires sur les très hauts revenus et l’évolution des mentalités a fait croire qu’ils étaient légitimes ; dès lors, ils se sont envolés ; l’Europe copie depuis peu et les mêmes dérives apparaissent

nous allons vers un monde où le revenu du capital (réservé à une minorité) croît plus vite que celui du travail, où l’héritage jouera un rôle central et où les très hautes rémunérations deviennent délirantes

nous passons du monde (qui n’a duré que 30 ou 40 ans) où le mérite (le travail) faisait la fortune pour revenir à celui où la fortune fait la fortune

Daniel Gendrin

à suivre partie 4 : l’État social

… le capital au XXIè siècle de Thomas Piketty … note de lecture ; partie 2 : le capital …

le processus d’accumulation du patrimoine :

  •  lorsque son rendement est supérieur au taux de croissance, le capital croît plus vite que le revenu (évidence mathématique vérifiée par l’expérience)
  • le taux de croissance revient en Europe à son niveau normal de moins de 1,5 %
  • le rendement historique du capital est de 4 à 5 %
  • la thésaurisation du revenu va donc se poursuivre
  • par ailleurs, la fortune est répartie inégalement 
  • le rendement étant fonction de sa taille, l’inégalité de répartition augmente avec le temps

nous allons vers une augmentation et une concentration continues du capital

l’exception historique: les 30 glorieuses

 la période qui sépare les 2 guerres mondiales a vu fondre le patrimoine européen : sa valeur passe, en France, de 7 ans de revenu national en 1914 à 3 ans en 1945

 elle est aujourd’hui remontée à un peu plus de 6 ans

 en parallèle, la répartition du capital a évolué, au profit de la classe moyenne (qui en possède 30 %) et au détriment de la classe supérieure (qui n’en détient plus que 65 %)

 nb : les périodes de forte croissance sont favorables à l’émergence d’une classe moyenne (phénomène qui se constate en Chine aujourd’hui)

 l’enjeu des décennies qui viennent – celles de nos petits-enfants – est de savoir si cette répartition subsistera ou si nous revenons au monde de Balzac ou de Voltaire, quand les 10 % les plus riches possédaient 90 % de la fortune

 selon Thomas Piketty il ne faut pas compter sur une force de rappel naturelle : sans action correctrice, l’accumulation et la concentration du capital conduisent à un monde propriété de quelques-uns

 Daniel Gendrin

à suivre : partie 3 : les revenus

… le capital au XXIè siècle de Thomas Piketty … note de lecture ; partie 1 : le capital …

 … lorsque Georges Marchais (alors Secrétaire Général du PCF) villipendait « le Grrand Kapital …», il nous faisait bien rire ; la puissance de l’argent était alors modeste …

comment la richesse se répartit-elle ? comment sa répartition évolue-t-elle ? c’est à quoi Thomas Piketty répond dans cette somme passionnante

résumer 950 pages en à peine plus de mots, c’est évidemment trahir … je me contenterai de dire ce que j’ai découvert

 remarques :

  • on emploie ici indifféremment les mots capital, fortune ou patrimoine
  • pour simplifier, on confond le revenu et la production
  • par définition, on distingue 3 classes de population : classe populaire (50 % des personnes), classe moyenne (40%) et classe supérieure (10%) 
  • prudent quant aux limites de l’étude, Thomas Piketty prétend à l’universalité des conclusions
  • il valide les lois mathématiques qu’il expose en s’appuyant sur une base recensant les données qui existent depuis le XVIIIè siècle ; ces lois – qui ne sont pas nouvelles – sont corroborées par des faits

 le résumé comprend, outre la présente introduction, 4 parties :

  • les lois régissant la thésaurisation du revenu ; la singularité des 30 glorieuses
  • l’évolution des revenus depuis 1980
  • ce qu’est l’État social
  • une conclusion

 Daniel Gendrin

à suivre partie 2 : le capital