le 26 juillet 2013, je signais un papier sous le même titre dont la conclusion était : ‘au fond ce qui est indécent, ce n’est pas l’accumulation du capital, c’est l’excès de consommation à des fins individuelles (châteaux, yachts, yearlings, jeu etc…) de fortunes utiles à la collectivité et qui sont fruit d’un effort collectif ‘
ma thèse était que le choix de confier l’activité marchande aux entrepreneurs privés impliquait nécessairement leur enrichissement par accumulation du capital, qu’il n’y avait là rien d’étonnant et que la morale s’y retrouvait pourvu que le capital soit utilisé pour le bien commun
tout cela est vrai dans le développement mais faux dans la conclusion
1) il n’y a aucune raison de supposer les entrepreneurs plus vertueux que les autres ; mon expérience me dit que si on a l’occasion de faire une belle plus-value, grande est la tentation d’y céder et de trouver pour cela toutes sortes de justifications morales
2) l’enrichissement des plus riches – dans le monde, 1 % de la population possède la moitié des richesses – appauvrit désormais les pauvres :
longtemps l’accumulation du capital s’est faite par le biais de la croissance et participait à l’enrichissement de tous : les années de reconstruction ont vu une classe moyenne importante prospérer pendant que les classes populaires, si elles n’accumulaient pas de patrimoine, bénéficiaient de revenus historiquement élevés
l’enseignement de Piketty – je reviendrai sur ses conclusions – est que la croissance et l’inflation redeviennent durablement faibles ; dès lors l’enrichissement des riches se fait au détriment des non riches, tous les non riches ; là encore, j’y reviendrai
3) d’où un risque politique : quand quelques-uns posséderont la Terre, comment peut-on croire qu’ils n’auront pas, seuls, le pouvoir ?
… il est temps de réhabiliter Georges Marchais* (!) …
Daniel Gendrin
* secrétaire général du Parti Communiste Français dans les années 70 et 80 … il nous faisait bien rire avec ses outrances verbales et sa dénonciation emphatique du ‘Grand Capital’ … ; aujourd’hui, ses diatribes auraient du sens