le livre de Piketty fait l’objet d’un certain nombre de critiques ; pour ce que j’en ai lu (cf, par exemple, le billet d’un certain CK dans l’Express), l’incantation tient lieu d’argumentation
je veux considérer ici une deuxième critique, consistante celle-ci ; elle m’a été formulée par l’un de mes fils : le livre ne prend pas en compte les sauts technologiques à venir
le coeur de la thèse de Piketty est que nous entrons dans une phase historique de croissance et d’inflation faibles ; il explique que la croissance vient de la combinaison d’un accroissement démographique, de la reconstitution d’un patrimoine et d’un saut technologique ; les trois facteurs ont joué pendant la période 1945 – 1980 et nous avons connu croissance et baisse des inégalités, toutes deux historiques
Piketty affirme que la baisse mondiale – en cours – de la natalité et la fin des rattrapages ramèneront la croissance à son étiage (1 à 1,5%)
il oublie 2 facteurs :
- la croissance – à ses prémisses – de l’Afrique (comparable à celle – qui diminue – de la Chine)
- les sauts technologiques à venir
le premier point ne fait que retarder la baisse annoncée de la croissance mondiale de quelques dizaines d’années au plus ; il ne la remet pas en question
le deuxième est plus important : dans tous les domaines (biologie, nanosciences, technosciences, intelligence artificielle …) s’annoncent des avancées technologiques
leurs retombées sur la croissance et sur les inégalités sont inconnues
la vision optimiste est que, comme les sauts technologiques précédents, ils changeront le monde, profiteront à tous et tireront la croissance, donnant tort à Thomas Piketty
toujours est-il qu’aujourd’hui les inégalités s’accroissent très vite et les pouvoirs se concentrent, faisant courir un vrai risque à nos démocraties
qui gagnera la course ? l’hypothétique croissance ? la fin de la démocratie ? est-il temps d’agir ?
… il est temps de réhabiliter Georges Marchais …
Daniel Gendrin