… droit du travail : quelques expériences …

le voisin de bureau

chez Renault Trucks Défense, mon voisin de bureau était acheteur ; il passait 6 mois chez nous puis allait faire le même job chez IVECO, revenait chez nous et ainsi de suite … le jeu s’est arrêté lorsque, miracle, il a été embauché … un jeune ? pas du tout : il devait avoir 55 ans … il a ainsi fait la navette sans aucune certitude, à chaque fois, d’être repris … il était en CDD …

d’autres voisins de bureaux étaient jeunes et en intérim … pas de possibilité d’emprunt, de louer un appartement, hésitation à se lancer dans la vie (mise en couple …)

et pour l’entreprise, à chaque fin de contrat – CDD ou intérim : un savoir-faire perdu, une formation à refaire, du temps gaspillé … un coût inutile

le patron

lorsque j’étais petit patron, en été, j’avais trop de travail et en hiver pas assez ; aucune possibilité légale de travailler 40 heures en été et 38 heures en hiver ; gaspillage de temps et d’argent en hiver et système D pour finir les travaux en été … absurde …

le patron … encore …

président d’un centre social, j’ai dans l’équipe des CDI, des CEE, un CAE, des Services Civiques, un auto-entrepreneur et un sous-traitant pour la compta … tout ça pour 8 équivalents temps-plein ! … absurde …

le commercial Grands Comptes

chez Renault Trucks Défense, j’avais un bureau à Versailles et un bureau à Lyon – sans parler de mon mandat syndical à Lyon – un à trois voyages par semaine ; le temps de voyage – départ 6h56, retour 21h30 – c’est du temps de travail ou pas ?

le secrétaire du CCE

chez Volvo – maison mère de Renault Trucks – rien ne protège les salariés de la possibilité qu’a le groupe de ne pas investir, condamnant ainsi à terme une usine au profit d’une autre ; ce qui sauve les usines françaises, c’est … leur rentabilité … pas le droit du travail

dans les 2 dernières années, Renault Trucks a perdu plus de 10% de ses effectifs – essentiellement des cols blancs – en trois plans sociaux ; mes camarades tentent de sauver les meubles en justice mais c’est un combat d’arrière garde …

l’observateur informé

à votre avis quelle est la catégorie de salariés, proportionnellement à son effectif, qui se connecte le plus, le soir, sur le site de l’entreprise ? … surprise ! ce sont les femmes … elles rentrent plus tôt pour s’occuper des enfants et de la maison et le soir elles rattrapent le temps perdu (!)

 

de ces quelques expériences – pas originales – je déduis que le droit du travail ne protège ni les outsiders – tout le monde le sait – ni les insiders – on le sait moins – ni les entreprises – mais ça, malheureusement, tout le monde s’en moque

Daniel Gendrin