… Rocard, c’est un peu le grand frère qui s’en va …
on l’a suivi jusque dans ses errements – je me souviens de cours de marxisme dispensés par le PSU – on l’a aimé jusque dans ses outrances
Lucky Luke de la parole, il pensait plus vite que son ombre ; il était, paraît-il, la terreur des interprètes ; il faut reconnaître qu’il était parfois difficile à suivre tant sa parole était elliptique
Rocard, c’était l’utopie ancrée dans le réel
le grand combat de sa vie, celui qui l’a opposé à Mitterrand, qu’il a perdu sa vie durant et qui va finalement se trancher au Parti Socialiste avec la primaire de décembre 2016 – j’y reviendrai – c’est la dénonciation des archaïsmes et la prise en compte – pour le maîtriser – du monde économique tel qu’il est
il a été heureux lorsqu’enfin il a pu être acteur ; son traitement à chaud de la crise Néo Calédonienne – on sortait de l’affaire de la grotte d’Ouvea où Chirac n’avait pas brillé – restera dans l’Histoire
producteur d’idées, il avait planché, entre autres, sur la question de la durée du travail ; en 1996, Gilles de Robien avait amorcé une politique visant – par des mesures fiscales – à favoriser les entreprises choisissant de réduire le temps de travail
Rocard avait alors théorisé le mécanisme et cherché à convaincre Chirac de poursuivre le mouvement – cf. Les moyens d’en sortir , 1996, au Seuil
j’espérais qu’en 1997 Lionel Jospin et Martine Aubry suivraient cette piste et prolongeraient la politique précédente ; ils ont fait un autre choix ; économiquement – et politiquement – ç’aurait été plus efficace … mais en France, à chaque alternance – et il y a alternance à chaque élection – on casse ce que le précédent gouvernement a fait … on peut faire plus productif …
iconoclaste, exaspérant, brillant, éclectique, Michel Rocard est mort comme il a vécu, le stylo à la main
… il nous manquera ….
Daniel Gendrin