lorsqu’en 1969 il a fallu, pour remplacer le Général de Gaulle démissionnaire, élire un Président de la République, Jacques Duclos avait, au deuxième tour, affirmé que choisir entre Georges Pompidou et Alain Poher c’était choisi entre blanc bonnet et bonnet blanc
les électeurs de droite sont confrontés à une alternative qui y ressemble
au moment où j’écris, – samedi matin – il est probable que François Fillon sera le candidat de la droite ; il faudrait une mobilisation massive d’électeurs de gauche et du centre pour qu’il est soit autrement
cela n’empêche pas de réfléchir aux différences
je n’en avais pas du tout l’intention mais, poussé par une belle-soeur, j’ai regardé le débat de deuxième tour ; ce qui suit en est l’analyse, vue de ma fenêtre
politique étrangère
Fillon a raison de prétendre parler avec Moscou et d’affirmer que l’écrasement symbolique de la Russie par l’Occident – allié à une libéralisation économique imbécile – a conduit à la situation actuelle
sur la Syrie, je partage son avis : les Américains ayant choisi de ne pas intervenir alors que les Russes le font, Alep sera écrasée et la résistance anéantie ; la Réalpolitik, quoi qu’on en ait, imposera de le reconnaître et Assad restera en place – au moins à court terme – ; que les résistants se rendent ou se battent, ils seront massacrés : en face d’eux, il y a la barbarie
mais la Réalpolitik imposera-t-elle ensuite de laisser tomber l’Ukraine – au prix sans doute de massacres équivalents – ? et jusqu’où Fillon ira-t-il ? dans son esprit, les Pays Baltes – parties intégrantes de l’Union Européenne – seront-ils à défendre ou à abandonner ?… dommage que Juppé n’ait pas posé la question …
si Fillon croit que l’ambition de Poutine a des limites il se trompe ; les seules limites qu’on lui connaît sont celles qui s’imposent à lui
en politique étrangère, Fillon, c’est l’aventure …
économie
l’un et l’autre pensent qu’il faut relancer la croissance par une politique favorable aux entreprises et en baissant la pression fiscale s’exerçant sur les riches
les curseurs ne sont pas aux mêmes endroits, mais c’est bien la même politique
j’ai, dans un billet précédent … au fond, c’est tout simple … histoire d’une contradiction … dit ce que je pensais de la situation ; on pourra utilement s’y reporter
dans un monde ouvert, nos entreprises, qui font l’emploi, doivent opérer, dans la compétition qui les oppose à celles de nos voisins – celle qui détermine où se localise l’emploi -, dans les conditions de compétitivité et d’adaptabilité comparables aux leurs ; ce n’est pas le cas actuellement ; Juppé et Fillon ont raison sur ce point
mais il n’ont manifestement compris ni l’un ni l’autre que le monde libéral sans régulation dont ils voudraient nous faire partager le rêve et qui est celui dans lequel le monde occidental – à l’exception partielle de la France – est plongé depuis 40 ans nous conduit dans le mur
la politique qu’ils proposent ne serait acceptable que si elle s’accompagnait d’un engagement à oeuvrer massivement dans le cadre de l’Union Européenne et du G20 vers le retour à une économie régulée et sensiblement moins inégalitaire
faute de quoi force est de constater que Juppé et Fillon sont, l’un et l’autre, des hommes du passé
stratégie du changement
c’est le point sur lequel la différence est grande : Juppé veut rassembler une France diverse et Fillon forcer une France divisée
le rythme et les méthodes diffèrent sensiblement
convaincu qu’il faut continuer de réformer la France, je préfère naturellement la méthode Juppé
les immenses absents de leur pensée
incroyable ! l’avenir fut le grand absent du débat : l’éducation – à part l’histoire, c’est dire ! -, la révolution technologique, le réchauffement climatique, l’Europe …
… quand je vous dis que ce sont des hommes du passé …
décidément, je ne voterai sans doute pas demain et laisserai les gens de droite choisir celui que nous aurons devant nous dans 5 mois ; pour moi, tous comptes faits – sauf en politique étrangère – c’est blanc bonnet et bonnet blanc
Daniel Gendrin
PS du 17 janvier : en définitive, à la demande d’une belle soeur qui ne pouvait le faire, je suis allé voter ; j’ai bien noté la surprise dans les yeux des scrutateurs
Daniel,
Je partage ton point de vue et j’attends des autres candidats à l’élection présidentielle une autre offre politique ou l’Europe, le réchauffement climatique, les effets de la numérisation et de la robotisation sur l’emploi, la réduction du chômage des jeunes etc…mais l’inquisiteur sarthois devrait nous mettre tous d’accord.
Amitiés
Christian
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Merci pour tes billets.
La géopolitique n’est pas un détail. Je n’ai pas hésité à aller voter hier.
En outre, j’aurais préféré l’auteur de la formule « identité heureuse / notre diversité est une force » à celui de « la droite droit dans ses bottes »…
Par ailleurs, je partage le commentaire de Christian sur la robotisation : on nous dit qu’on a déjà vécu le remplacement des ouvriers par des robots, mais la différence c’est le rythme. Si nos enfants mettent plus longtemps que les algorithmes à apprendre les nouveaux métiers, ça va être compliqué de faire baisser le chômage. A part l’écologie c’est le sujet du siècle qui vient.
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