en 2008 déjà, on savait qu’après la crise financière viendrait la crise économique et, probablement, la crise politique … on y est ; elle est mondiale ; il est inutile d’en recenser les signes
que retiendra l’Histoire ?
depuis 1971 – lorsque Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or – et plus encore depuis Reagan et Thatcher nous sommes plongés dans ce qu’il est convenu d’appeler le capitalisme financier
3 résultats de cette nouvelle « religion » : un développement extrêmement rapide des pays dits émergents et l’éradication d’une grande partie de la misère dans le monde mais aussi – dans les pays riches – un transfert de la richesse des pauvres vers les riches et enfin l’affaiblissement des Etats – l’un des mantras du système étant : « l’Etat est le problème, pas la solution »
paradoxalement, la France – qui n’est pourtant pas en reste en matière de mécontentement – est plutôt restée à l’écart du mouvement – ce qui motive François Fillon à « casser la baraque »
survient la crise ; ce sont les Etats – déjà démunis – qui payent
en parallèle, structurellement, la croissance diminue partout à cause du vieillissement des populations et de l’accroissement des inégalités – dont l’effet négatif sur la croissance est maintenant reconnu par le FMI et l’OCDE … on s’en inquiète jusqu’à Davos, c’est dire …
enfin, on abîme la planète ce qui ne peut pas durer toujours
comment s’étonner que les peuples, partout où c’est possible, se révoltent et votent contre l’establishment ?
nous sommes clairement dans un monde qui bascule
basculer, pourquoi pas ? mais … vers où ?
on peut suivre les britanniques et les américains, vers l’absurde
c’est d’ailleurs assez drôle : ils conservent ce qu’il y a de pire – baisses d’impôts pour les riches et creusement des inégalités – mais prennent en plus le risque du repli sur soi, celui-là même qui conduisit le monde à la ruine dans les années 30 et qui – s’il se généralisait – pourrait à nouveau mener à la guerre … absurde, vous dis-je … et dangereux …
mais la bascule peut aussi se faire de l’autre côté
avec la prise de conscience – tardive – des institutions internationales – qui, enfin, reconnaissent le danger que font courir au monde les politiques inspirées jadis par l’école de Chicago – et avec les travaux entrepris par l’OCDE sous l’égide du G20 – régulation bancaire, lutte contre les paradis fiscaux, recouvrement de l’impôt, etc … – on peut imaginer le retour vers un monde qui tienne compte des intérêts de chacun et de ceux de la planète elle-même
dans cette hypothèse, l’apparition des Trump, May, Orban & C° n’aura été que le chant du cygne du libéralisme effréné qu’on nous impose depuis 40 ans
pour nous, le premier combat à mener est celui de l’Europe ; c’est le seul havre de raison qui subsiste en ce monde – et encore – ; je reviendrai prochainement sur le projet d’Hubert Védrine dont j’ai déjà parlé deux fois ici et qui vise à la remettre en route
le voeu que je formule pour 2017 est celui-là : que le monde continue, soigneusement, progressivement, à nous faire sortir non pas de la mondialisation mais de ces errements qui nous conduisent au désastre
Daniel Gendrin
PS : quand je pense que l’idole de François Fillon est Margaret Thatcher …