… regards de femmes …

le texte ci-dessous est celui qui a été dit ce mercredi 8 mars au Centre Social de l’Olivier à l’occasion de la clôture de l’action regards de femmes que nous avons menée du 8 mars 2016 au 8 mars 2017

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ah ! le regard des femmes quand il se pose … sur un homme ! drôle d’idée d’ailleurs de confier à un homme le soin de clôturer une action intitulée … regards de femmes

mais bon … on n’est pas là pour s’amuser …

si l’Olivier a choisi de se mettre à l’écoute des femmes de nos quartiers pendant une année c’est parce que, de fait, tout passe par les femmes dans la vie quotidienne : les enfants, les courses, les repas, le ménage, l’entretien, et souvent aussi le travail à l’extérieur de la maison

se mettre à l’écoute des femmes, c’est se mettre à l’écoute du quartier

vous avez d’ailleurs été nombreuses à répondre à l’appel des jeunes femmes professionnelles ou bénévoles qui ont porté cette action ; on vous retrouve sur les panneaux de l’exposition qui en rend compte ; parcourez-la, faites-vous expliquer les actions vous verrez … tout cela a du sens

mais je voudrais dire aussi quelques mots de généralités, tant il est vrai que les avancées – juridiques plus encore que culturelles – que la femme a conquis depuis un siècle paraissent fragiles et pourraient être remises en cause

pendant des siècles la femme a été au service … de l’homme d’abord, de la famille ensuite, du groupe parfois ; objet de plaisir, vitrine de la prospérité familiale, travailleuse au foyer, et – pour les classes populaires, que ce soit à la ferme ou à l’usine – également travailleuse au dehors … la femme a été au service

lorsque ma mère est entrée à l’Agro elle était la première à le faire ; ma belle-mère a passé son permis de conduire dès ses 18 ans … c’étaient des exceptions … mais aucune des deux n’avait le droit de travailler sans l’accord de son conjoint, la capacité juridique de signer un contrat, le droit de vote ou l’usage d’un carnet de chèque

ma grand mère ne serait pas sortie dans la rue sans chapeau ou … sans un foulard

on mesure le chemin parcouru

la vraie révolution, ç’a été la contraception – le pouvoir pour une femme d’être – de fait – maître du nombre enfants qu’elle accepte de mettre au monde, a changé fondamentalement les relations de pouvoir dans le couple et la composition de la famille, le travail de la femme etc …

si la situation a très profondément changé, on n’est pas au bout puisque la femme fait encore la plus grande partie du travail à la maison, que les métiers auxquels elle a accès sont en général moins gratifiants et que lorsqu’elle fait le même métier qu’un homme, elle est souvent moins payée

avancer dans ce domaine dépend à mon avis de deux facteurs :

le premier est l’engagement des jeunes hommes à assumer une part significative des travaux familiaux – attention aux enfants, ménage etc… sans cet engagement, pas d’évolution …

par ailleurs, la collectivité doit assumer le fait que les femmes jouent un rôle d’intérêt public lorsqu’elles mettent au monde des enfants … la carrière des femmes ne doit pas pâtir des absences pour maternité ou congé parental ; cela passe par les entreprises et probablement aussi par la loi

l’évolution vers un monde plus équilibré est avant tout culturelle

or – et j’en finis là dessus – il y a des forces de rappel et elles ne sont pas que religieuses

bien sûr, tous les intégrismes veulent voir la femme rentrer à la maison pour ne plus en sortir ; il y a encore des gens – hommes et femmes – pour croire que la femme est au service de l’homme

mais il y a aussi des discours politiques pour défendre l’ordre ancien et des nostalgiques du passé ; de proche en proche un retour en arrière en appelle un autre et la femme pourrait bien en être la première victime

en démocratie, nous choisissons les gens qui nous dirigent ; préférons ceux qui regardent devant à ceux qui prônent l’enfermement dans les solutions du passé

revenons à l’Olivier : un an de travail et ce n’est pas fini : nous prenons l’engagement de rester dans le quartier un lieu culturel où la parole de la femme pèse le même poids et bénéficie de la même considération que celle de l’homme

c’est ainsi que nous contribuerons à bâtir un quartier plus harmonieux pour les femmes … et pour les hommes … qui l’habitent

Daniel Gendrin

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