… Marine …

dans le triptyque liberté, égalité, fraternité – qui sert de devise à notre bien-aimée République – le mot clef est évidemment fraternité : sans lui, rien ne fonctionne : prise isolément, l’égalité conduit au totalitarisme – les communistes en ont donné la preuve en URSS, en Chine, à Cuba, à Phnom-Pen, partout – et toute seule la liberté conduit – nous en voyons les prémices en monde Anglo-Saxon – à un accroissement des inégalités tel que, là encore, seule la puissance de la police pourra maintenir la cohérence de la société

la liberté permet la vie et l’égalité la cohérence ; ce qui tient le tout, c’est la fraternité

je ne suis pas philosophe, je vais donc peut-être dire des sottises ; toujours est-il que c’est, des 3, le mot qui me paraît le moins définissable ; ce n’est pas la solidarité – qui est orientée – mais ce n’est pas non plus l’amour – on n’est pas sensé aimer tout le monde …

j’ai la chance d’avoir été élevé dans une famille nombreuse

parmi mes frères et soeurs – ne cherchez par à savoir qui est qui, j’adapte pour les besoins de la cause – il y a des filles et des garçons, des riches et des pas riches, des plus ou moins bavards, des cathos de beaucoup de sortes y compris les pas cathos du tout, des « de gauche » et des « de droite », etc … bref, la famille nombreuse, c’est l’école de la différence

et si l’on peut préférer discuter avec Jean qu’avec Paul – il arrive même que le silence soit la seule communication possible par moments ou sur certains sujets – ou aimer passer une semaine de vacances avec le couple Julie plutôt qu’avec la famille Jules, en fraternité, on ne préfère pas celui-ci à celui-là ; c’est la diversité de la famille qui en fait la richesse

refuser l’autre dans sa différence, c’est nier la fraternité

vivre en fraternité, en famille comme en société, c’est agréger des gens différents, qui ne se sont pas choisis et vivent une expérience commune dans la durée – en principe, tout au long de la vie

la fraternité fait le lien de notre devise – en laquelle se trouve cette Identité Française que d’aucuns cherchent je ne sais où – ; par elle, on reconnaît à chacune des personnes du groupe une égale dignité et la liberté d’être ce qu’elle est

c’est elle qui nous distingue et nous rend fiers de la France

voilà pourquoi il me sera impossible de voter pour Marine : fondant son programme sur le refus de reconnaître l’autre – fût-il Français – dans sa différence, elle ignore la fraternité et renie la devise de la France

Daniel Gendrin

… lettre à nos petits-enfants de JM Keynes … 

 

je n’ai pas lu Keynes ; c’est une tare, à l’heure où Jean-Luc Mélenchon, Thomas Piketty et même Joseph Stiglitz en font le parangon de ce qu’il faut faire en matière de relance, au prix de la dette

moi – qui n’ai pas lu Keynes et qui ne suis pas économiste – je pense que c’est une sottise et que, sans doute, on lui fait dire des choses qu’il n’aurait jamais dites

cela dit, j’ai – enfin – acheté un bouquin de l’auteur-culte et comme je suis un peu flemmard, je l’ai acheté le plus petit possible : 55 pages dont 28 de préface … 1 heure de lecture …

pas de chance, ça ne parle pas de cette politique que l’on prétend Keynésienne ! … je devrai récidiver sur des choses plus épaisses …

mais c’est un petit bijou : cette lettre à nos petits-enfants peut servir de livre de chevet à tous ceux qui ne sont pas à genoux devant le monde tel qu’il va …

Keynes pense – et dit – que le monde aura résolu son problème économique – la « lutte pour la subsistance » – sous 100 ans – il écrit en 1930 – : les « besoins absolus » de l’homme seront satisfaits et le travail servira avant tout à assurer à l’homme la satisfaction de travailler

quelques mots de sa conclusion :

« quatre facteurs détermineront le rythme de notre avancée jusqu’au bonheur économique … : notre aptitude à réguler la croissance démographique ; notre détermination à éviter les guerres et les conflits intérieurs, notre volonté de confier à la science la direction de ce qui relève de la science et le taux d’accumulation (la marge séparant notre production de notre consommation) – ce dernier facteur se règlera de lui-même si les trois premiers sont assurés »

Keynes prévoit donc qu’en 2030, l’homme sera débarrassé du souci du quotidien

dans les pays Européens – et même pour la plupart de ceux qu’on appelle les exclus – c’est déjà vrai : logement, nourriture, vêtement, santé, éducation … les besoins essentiels sont satisfaits – je mesure combien, ce disant, je peux scandaliser … c’est pourtant la vérité

par ailleurs, les 4 facteurs qu’il relève sont avérés, y compris le dernier puisque la croissance, hors pays émergents, se stabilise à un niveau faible

3 points peuvent se discuter ou restent en question :

  • il n’a pas imaginé l’explosion des besoins dans la société de consommation
  • il prévoit qu’en 2030 on travaillera 15 heures par semaine
  • enfin l’affirmation selon laquelle  « avec un peu plus d’expérience, … , nous utiliserons l’abondance nouvelle tout autrement que le font les riches aujourd’hui, et notre projet de vie sera très différent du leur » … peut sembler surréaliste

où en serons-nous en 2030 ?

  • la « sobriété heureuse » de Pierre Rhabi réduira-t-elle la boulimie de consommation ? si l’on en croit les projets de la grande distribution, on va dans ce sens …
  • la poursuite de la mécanisation se traduira, de fait, par une réduction du temps de travail ; se fera-t-elle à travers l’exclusion – éventuellement rémunérée – de plus en plus de personnes ou par une autre répartition du travail ? c’est en tous cas l’un des thèmes de la présidentielle …
  • le dernier point est plus problématique : sommes-nous guérissables du désir de toujours plus ? en voyant vivre les jeunes générations, ce n’est pas impossible …

ce petit livre, incroyablement moderne, mérite d’être lu : Keynes est peut-être bien un prophète

Daniel Gendrin