… dette …

hier soir, apéritif dînatoire à la maison pour fêter le retour de Guyane ; des bons copains, suffisamment de Rhum pour le ti-punch, des plats plus ou moins Guyanais, bref, une soirée d’enfer … jusqu’à ce que ce soit évoqué LE SUJET : « toi tu votes pour qui ? »

tous des gens qui ont toujours voté à gauche, ça devrait être simple … jusque tard dans la nuit, discussion très animée : qui pour Macron, qui pour Mélenchon, qui pour Hamon, qui ne sait pas encore – près de la moitié de l’assemblée … à 4 jours du scrutin …

débat vigoureux, facilité par l’amitié et peut-être aussi par le ti-punch

j’ai déjà dit ici les raisons de mon choix pour Macron et à quel point j’exècre la solution Mélenchon, aussi bien intentionnée qu’elle soit ; ce n’est pas l’objet de ce papier ;

la problématique soulevée au cours de la soirée et qui me fait réagir ici est celle de la « virtualité » de la dette de la France et de la possibilité de s’en affranchir ; un ami Colmarien m’avait lancé sur le sujet il y a quelques années et je n’avais pas donné suite ; elle est à nouveau d’actualité

oui, l’Etat peut décider de ne pas payer – l’Argentine l’a fait il n’y a pas si longtemps – ; quelles en sont les conséquences ?

lorsqu’il en a besoin – pour rembourser les dettes précédentes, payer leurs intérêts et financer son déficit -, l’Etat emprunte sur les marchés ; il se tourne vers des gens qui ont de l’argent et échange de quoi couvrir ses besoins contre des bouts de papiers – bons du trésor ou autres – qui sont des reconnaissances de dette : il inscrit à son bilan une dette et le prêteur inscrit au sien une créance du même montant

lorsque l’Etat efface sa dette, il s’enrichit de ce qu’il a effacé et la personne qui a prêté s’appauvrit d’autant ; c’est un jeu à somme nulle, un transfert d’argent du prêteur vers l’Etat

le montant de notre dette est de l’ordre du PIB soit 2 000 milliards d’€ ; une moitié est détenue par des Français – organismes financiers et banques – et l’autre moitié par des étrangers

les banques françaises détiennent donc 1 000 milliards de dettes publiques ; leurs fonds propres – l’argent qui leur appartient – sont de 210 milliards d’€* ; si l’Etat efface la dette, il efface les banques françaises … et l’argent – dont le nôtre – qui est dans leurs coffres …

quant aux étrangers, ils se tournent alors vers la justice de leur pays et font saisir – à concurrence de 1 000 milliards – les biens de l’Etat Français qui passent à leur portée ; la France doit se refermer sur elle-même et les conséquences en terme de commerce extérieur sont astronomiques

enfin, l’Etat s’est bien enrichi, mais sa trésorerie n’a pas bougé d’un iota ; dès lors, puisqu’il ne peut plus emprunter, il ne lui reste qu’à équilibrer ses comptes et à trouver 70 milliards par an d’économies dans une politique de vraie austérité – l’alternative étant de renationaliser la Banque de France, de faire tourner la planche à billets et de payer les fonctionnaires en monnaie de singe

effacer la dette, c’est le beurre et l’argent du beurre, mais à l’envers : une cure d’austérité ET la crise économique … sans parler des conséquences politiques … demandez aux Argentins …

quant à la mutualisation des dettes d’Etat dans la Zone Euro,

s’il s’agit de mettre les dettes des différents pays dans un pot commun avec garantie commune, c’est une bonne idée … basée sur la confiance : si un pays flanche, la garantie joue et les autres doivent payer sa dette … pour le moment, les pays du Nord de l’Europe n’ont pas confiance, donc il ne peut en être question (il faut que tout le monde soit d’accord)

enfin, s’il s’agit de mettre en commun tout ou partie des dettes et de les faire rembourser, par exemple, au prorata du PIB, cela revient à faire payer par exemple la dette grecque principalement par les Français et Allemands

les Français sont les premiers à réclamer à corps et à cris un un moratoire sur tout ou partie de la dette grecque ; leur a-t-on expliqué que cela revient à transférer cette partie sur la dette française et que c’est eux qui vont payer ce qu’on ne fait pas payer aux Grecs ?

tout cela n’est pas sérieux et qu’un Thomas Piketty donne sa caution à ces élucubrations est confondant …

Daniel Gendrin

* source : http://droits.leparticulier.fr/fonds-propres-banques-francaises.html

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