… ni facho ni banquier ! voilà ce qu’on entend crier dans les rues …
… un article récent du Monde relatait la protestation des organisations bancaires – tant patronales que syndicales – pour dénoncer le bank-bashing
… enfin, une discussion récente et animée – qui s’est déroulée chez des amis – a opposé des opinions radicalement différentes à propos de l’utilité sociale des banquiers et de leur influence sur la dette de la France …
… ces occurrences m’ont poussé à écrire les quelques réflexions qui suivent … _____________________________________________________________________________ … il faut raison garder …
sans mon banquier
sans mon banquier, je recevrais ma retraite dans une enveloppe, en liquide, à un guichet à la porte duquel quelque mauvais garçon pourrait m’attendre pour m’en soulager
sans mon banquier, lorsque je voudrais acheter une paire de chaussures – ou une voiture – j’aurais à me déplacer avec une grosse enveloppe pleine d’argent …
sans mon banquier, si je n’ai pas de quoi acheter une voiture, je vais devoir rouler à vélo
mon banquier m’est indispensable et si ses services ne sont pas gratuits, c’est qu’ils ont un coût
oui, mais … les banquiers d’affaires !
imaginez : votre père est cafetier à Lille ; vous êtes ingénieur à Marseille ; il prend sa retraite et doit payer sa maison de retraite ; vous n’avez pas le temps de vous en occuper ; vous le laissez se débrouiller tout seul ou vous chargez un intermédiaire compétent de trouver la meilleure solution ?
il se trouve que j’ai eu un parent qui, à la BNP, était l’expert dans le métier des tissus ; il connaissait tout et tous, qui veut vendre et qui peut acheter, la valeur des entreprises ; il mettait en relation celui-ci avec celui-là, servait d’intermédiaire … il n’avait pas le sentiment d’être un parasite
quant aux banques Rothschild ou Lazard, si les grandes entreprises acceptent de payer – cher – leurs services, c’est que, sans doute, elle y trouvent leur compte …
si les banques d’affaires n’existaient pas, il faudrait les inventer
oui, mais … en 2008, le contribuable a payé le sauvetage des banques …
faux, ou presque : la seule banque qui a coûté de l’argent est la banque publique Franco-Belge Dexia ; les banques françaises qui ont bénéficié de prêts ont remboursé capital et intérêts ; elles n’ont donc rien coûté au contribuable, au contraire
ce que la France paye – pour longtemps encore – c’est le coût – énorme – de la récession consécutive à une crise bancaire pour l’essentiel de responsabilité américaine
oui, mais … les taux d’intérêts sont à l’origine de la dette des Etats
le déficit public est financé par l’emprunt ; on emprunte donc chaque année un montant moyen de l’ordre de 3% du PIB ; au bout de 35 ans, on a emprunté 105% du PIB ; c’est approximativement le montant de la dette actuelle ; le fait que le PIB ait été croissant au cours de la période ne change rien au calcul
« oui, mais dans le déficit, il y a les intérêts versés aux banques »
c’est vrai ; faisons donc le calcul :
la dette moyenne de la période (35 ans) est de l’ordre de 50 % du PIB (on passe de zéro au départ à 100 % à la fin de la période) ; elle est donc de 1 000 milliards d’€
si le Trésor emprunte à un taux moyen de 1,5 %, l’intérêt annuel est de 1 000*1,5/100 égale 15 milliards d’€ soit – sur 35 ans – 525 milliards, c’est à dire à peine plus d’1/4 de la dette actuelle
les 3/4 de la dette sont imputables au déficit primaire c’est à dire à la gestion … approximative ou laxiste, si vous préférez … des deniers publics et seulement 1/4 aux intérêts versés aux banques
et puis, comment justifier qu’un emprunteur – même public – ne paye pas d’intérêts au prêteur ?
oui, mais ces services pourraient être rendus par une grande banque publique
c’est tout à fait vrai ; mais ça ne change rien : le coût d’un service dépend plus de la qualité de la gestion de l’entreprise que de sa nature … les exemples de Dexia ou – plus loin dans le temps – du Crédit Lyonnais montrent que les banques publiques peuvent coûter très cher
en 1981, le système bancaire français a été nationalisé ; cela n’a rien changé à la situation des Français ou à la richesse de l’Etat
conclusion
il est vrai qu’il faut revoir beaucoup de choses dans le système bancaire mondial – sécurité et coût, rémunération des acteurs, opacité, paradis fiscaux et shadow banking, … – ; l’OCDE et le G20 y travaillent – avec des résultats, réels quoique lents et peu connus – depuis 2008
mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : les banques – qu’elles soient privées, coopératives ou publiques – sont des entreprises indispensables aux citoyens ; il est normal de payer leurs services
pour une fois que notre Président vient de l’entreprise, ne tirez pas sur le banquier !
Daniel Gendrin
voici une approche très pédagogique qui pourra bien me resservir, merci beaucoup
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