… la voiture électrique … LA solution ? …

un ami me signale un article du blog de JM Jancovici qui prétend faire le bilan écologique de la voiture électrique ; j’ai d’ailleurs repris son titre

mais il mérite quelques remarques

sur le bruit,

l’auteur reconnaît qu’en ville – là où ça compte – le véhicule électrique réduit le bruit

à propos de la pollution locale, il constate en 13 mots son inexistence pour, en presque 500, nous expliquer que sa fabrication – quel lien avec la pollution locale ? – émet 2 fois plus de CO2 que celle d’une voiture ordinaire

c’est approximativement vrai mais c’est passer sous silence la possibilité de recyclage de la batterie qui change son bilan carbone et surtout qu’elle est, à l’échelle de temps qui nous intéresse, une solution de stockage provisoire – cf. les solutions hydrogène ou super-condensateur déjà en exploitation pré-industrielle

enfin, le bilan total déjà obtenu, fabrication + utilisation, est, de loin, à l’avantage de l’électricité – sans parler de la disparition des NOx et autres particules fines

globalement, il souligne que la production électrique est émettrice de CO2

c’est un argument extraordinaire dans notre pays, le seul au monde où elle est presque complètement décarbonée, d’autant qu’il est lui-même un ardent nucléophile …

personne ne prévoit de remplacer les réacteurs nucléaires par des centrales à charbon ; en France, le bilan carbone global, y compris la production d’électricité, est incomparablement favorable à la voiture électrique

NB : il est vrai qu’ailleurs, la production électrique émet du CO2 et que ces émissions augmentent ; mais, partout, le rappport émission de CO2 / production électrique baisse ; la décarbonation de la production précède la croissance qui sera très progressive du parc de véhicules électriques

faire les calculs en faisant semblant de croire qu’en Chine la production produira dans 20 ou 30 ans autant de carbone qu’aujourd’hui, c’est tromper son monde ; comme souvent – cf mon article du 5 décembre 2017 –, notre ami Jancovici tort – avec talent – les chiffres pour convaincre … …

3 points essentiels en complément :

• la vraie ambition est bien de diminuer la présence de l’automobile en ville ; cette révolution est amorcée et les résultats sont significatifs dans les plus grandes d’entre elles ; l’électrification du parc automobile n’a qu’une importance de deuxième ordre

• si la voiture électrique ne bénéficie pas encore de l’effet série, sa fabrication est plus économique (moins de pièces, moins de temps de montage) et son coût d’entretien inférieur à celui de sa rivale : cela ne manquera pas de poser des problèmes d’emploi mais ce sera moins énergivore et moins polluant

• enfin une remarque que je n’ai trouvée nulle part : la voiture électrique stockera assez d’énergie pour effacer la pointe de consommation de 19h :

la batterie d’une Zoé stocke 40 Kwh ; il y aura, en France, dans 12 ans, 5 millions de véhicules électriques ; ils pourront stocker 200 GWh ; la pointe étant de l’ordre de 100 GW, ils seront en mesure de l’effacer

généralement, ces voitures sont utilisées pour des trajets domicile-travail d’une longueur réduite au regard de l’autonomie du véhicule ; les batteries pourront être presque complètement chargées à l’heure idoine si c’est l’intérêt de leurs propriétaires : il suffira de les inciter à revendre de l’électricité à l’heure de pointe

faisons confiance à l’inventivité des hommes de marketing pour élaborer les contrats ad hoc ; ENEDIS fera payer l’investissement du stockage marginal par ses clients qui s’y retrouveront en revendant de l’électricité à la bonne heure …

le véhicule électrique est bien une partie de la solution pour décarboner le transport

Daniel Gendrin