le dossier … inégalités … comporte 4 chroniques (… de quoi parle-t-on ? …, … de quoi parle-t-on ? suite …, … quel est le problème ? … et … que faire ? …) ; il ne traite que des inégalités salariales ; il n’est donc pas exhaustif concernant la problématique des inégalités ; il n’est pas inintéressant pour autant
nous avons vu que l’écart des revenus médians bruts dans l’industrie, de l’ouvrier au cadre sup’ (hors dirigeants), est de 1 à 5 (hors prélèvements et aides diverses) voire de 1 à 7 pour l’écart du premier au dernier décile
et nous savons que, pour ce qui concerne les cadres dirigeants, ce rapport s’envole, puisque, si pour le PDG de Volvo il était de 1 à 50 il y a quelques années, on sait – la triste affaire Carlos Ghosn en a donné un exemple – que certains de ses collègues, y compris en Europe, gagnent plusieurs centaines de fois ce que gagnent chacun des ouvriers de leurs usines
notons qu’il y a quelques exceptions puisque la rémunération annuelle brute de Louis Gallois, lorsqu’il présidait la SNCF, était réputée être de 300 000 € (moins de douze fois le salaire d’un ouvrier de la métallurgie) mais c’est l’arbre qui cache la forêt
jusqu’en 1980, les Etats-Unis pratiquaient une politique extrêmement dissuasive vis à vis des revenus très élevés, la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu atteignant encore 70 % (après 91 % en 1964)
et c’était efficace : il n’y avait pas, alors, aux Etats Unis, de rémunérations anormales*
… Hollande n’était donc pas ridicule avec son prélèvement à 75 % au-delà de 1 million d’€ de revenu – et le Conseil Constitutionnel, qui l’a bloqué sous un prétexte fallacieux, a été bien mal inspiré – il faudra bien que l’Europe siffle la fin de la partie pour les salaires délirants, même s’ils sont très peu nombreux … j’y reviendrai dans le quatrième volet de ce dossier
je laisse à chacun le soin de réfléchir sur le niveau qu’il pense raisonnable pour l’inégalité des rémunérations, sachant qu’il faut trouver du monde pour occuper toutes les fonctions dans un environnement concurrentiel et que tous n’ont pas le degré de désintéressement d’un Louis Gallois
mais avant de faire la révolution il faut bien peser les patates ; après tout, le monde soviétique, s’il était égalitaire, n’a pas apporté le bonheur à des peuples qui ont fini par s’en débarrasser
par ailleurs, je ne suis pas sûr que dans les mutuelles ou les entreprises non capitalistes – Bosch ou le Chèque Déjeuner, par exemple – l’éventail des revenus soit considérablement moins ouvert
cela dit, les inégalités de revenu, quelles que soient leurs justifications – rareté de la compétence, investissement en formation, engagement au service de l’entreprise, complexité de la fonction, … – ont des conséquences qui, s’il l’on n’y trouve des remèdes, remettent en cause sur le long terme le fondement de notre civilisation
c’est l’objet de l’article suivant : … inégalités … quel est le problème ? …
Daniel Gendrin
*on pourra avantageusement se reporter au livre – un peu long – de Piketty, le Capital au XXI ème siècle ; il en parle beaucoup mieux que moi