Toujours plus ! est le titre d’un livre publié par François de Closets en 1982 dans lequel, selon Wikipedia, « il dénonce les injustices et le système des privilèges en France, ainsi que le corporatisme ; sa thèse est que … les corporations qui ont la plus forte capacité de nuisance … s’assurent l’essentiel des avantages »
ce n’est pas le lieu de faire le panégyrique ou la critique d’un bouquin qui date – à tous points de vue – ; je voudrais, utilisant son titre, souligner un étonnant paradoxe français
pour les besoins de la démonstration je force le trait mais sans déformer le fond
que nous soyons dans la société du toujours plus qui peut en douter ?:
nous vivons dans le pays :
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aux plus fortes dépenses sociales
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le moins inégalitaire (ou le plus égalitaire, comme on voudra)
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aux services publics les plus développés
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…
en parallèle nous sommes :
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les plus râleurs contre nos gouvernants, de droite ou de gauche, et même de « ni droite ni gauche »
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et nous en changeons plus que n’importe qui d’autre (à chaque alternance)
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les plus pessimistes – plus, paraît-il, que les Syriens ; je ne sais pas si c’est vrai, mais quelle image !
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nous avons la plus belle propension à monter sur les barricades
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nous avons l’extrême droite puissante la plus ancienne des pays développés dans l’histoire récente
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…
et, paradoxe extraordinaire, en ces temps de simplisme tous azimuts, le syndicat N°1*, la CFDT, est le seul qui accepte de se coltiner avec la complexité et nous élisons un président du « en même temps » et donc de l’imparfait : aucune chance de faire parfaitement tout et son contraire
simplistes dans nos discours, nous mettons au pouvoir des gens qui refusent le simplisme
… j’aime la France, jusque dans ses contradictions …
Daniel Gendrin
* rappelons que 95 % des gens au travail sont des salariés ; le syndicat N°1 représente beaucoup de monde