le 20 avril, Le Monde titre : « à l’ENA, une faible mixité sociale »
par ailleurs, c’est entendu, en France, pour être dans le vent, il faut détester l’ENA …
tout cela me paraît à la fois faux et injuste
faux :
la promotion 2019 de l’ENA comporte 14 % de petits-enfants d’ouvriers, 9 % d’agriculteurs, 12 % d’artisans ou de commerçants et 12 % d’employés
les grands-parents de près de la moitié des actuels élèves appartiennent aux catégories les moins riches de la population
et 26 % de ces élèves bénéficient de bourses ; leurs parents y appartiennent aujourd’hui
on peut intégrer l’élite de l’élite lorsqu’on est issu des classes dites laborieuses
injuste :
il n’est pas d’abord demandé à l’ENA d’être à l’image de la population française : l’école est là pour former les hauts fonctionnaires
que veut-on ?
la haute fonction publique est-elle inutile, qu’on veuille en banaliser la formation ?
veut-on un préfet, un conseiller ministériel, un ambassadeur incapable de maîtriser les problèmes complexes, de réagir dans l’urgence, de travailler 70 heures par semaine ou de peser les résultats des décisions qu’il propose au ministre ?
le veut-on sélectionné par copinage ?
ce sont des études difficiles ; elles le sont d’autant plus pour ceux qui n’ont pas eu de cuiller d’argent dans la bouche à la naissance … la vie est injuste, ce n’est pas une découverte …
mais il est évidemment plus important, pour rétablir un peu de justice et permettre à tous d’accéder aux plus hautes fonctions, d’affecter un prof à 12 élèves dans certains quartiers et de passer progressivement de 35 élèves par classe à 24 en primaire que de supprimer l’ENA, l’Ecole de la Magistrature ou telle école que vous voudrez …
s’il faut effectivement mettre fin à cette propension – bien française et peu efficace – à faire du diplôme le passeport qui détermine toute la carrière, ce n’est pas en supprimant les formations d’excellence qu’on le fera
Daniel Gendrin
* les chiffres sont issus de l’article du Monde du 20 avril