pourquoi Le Figaro a-t-il lancé au début du mois une offensive à l’arme lourde contre les éoliennes (cf article) ? l’explication se trouve dans la commande à EDF d’un plan pour la construction de 6 EPR
la décision doit être prise en 2021 ; c’est maintenant que se joue le jeu dans l’opinion …
pour s’éclairer, mes lecteurs pourront se reporter à 4 documents
- l’article du Figaro du 2 octobre
- un papier du Monde daté 9 octobre « Éoliennes : la filière française décolle »
- l’Avis de l’ADEME* sur les éoliennes, synthèse datée de 2016
- le Panorama des Énergies Renouvelables au 30 juin 2019 publié par RTE**
l’article du Monde dresse le panorama de l’éolien terrestre en France
si celui-ci ne produit, au premier semestre 2019, que 6 % de notre électricité, l’expansion est significative (cf. courbe)

la puissance installée doublera d’ici à 2028 pour une production alors équivalente à celle de l’hydraulique
cette expansion est tirée par la plongée du coût de revient du Kwh …
les principaux acteurs de la filière sont ENGIE (ex GDF SUEZ) et EDF ENR, ils sont français et à forte proportion de capital public
dans le Panorama des énergies renouvelables, RTE fait le point au 2ème trimestre de cette année
2 chiffres :
notre électricité a été nucléaire à 71 % et renouvelable à 25,5 % ; pour la première fois, la production hydraulique représente moins de la moitié du total de celle des renouvelables : les solaire, éolien et biomasse ont dépassé leur grand ancien
le nucléaire a, quant à lui, commencé sa décroissance
autre enseignement passionnant de ce dossier – voir en page 11 – : la courbe de Couverture trimestrielle de la consommation par la production renouvelable montre que la régularité de couverture des besoins est assurée : en hiver, la faiblesse de la production solaire est compensée par la force de celle de l’éolien et inversement en été
la couverture biomasse + soleil + éolien est parfaitement régulière ; l’argument de l’intermittence – le seul contre les ENR – ne tient pas et les nucléophiles nous racontent des calembredaines
il n’y a donc pas de nécessité de stockage pour équilibrer les productions sur l’année ; le mix des ENR peut l’assurer et l’assurera d’autant mieux que l’hydraulique – dont la production varie fortement de l’hiver à l’été – perdra de son importance relative
cela ne dispense pas de la nécessité d’une solution de stockage au jour le jour et pour la pointe de 19h
les pistes bien connues – compteurs intelligents, stockage en voitures électriques ou chez les particuliers, marketing des tarifs horaires, interconnexion des réseaux européens – l’assureront sans qu’il soit besoin de procéder à ces investissements démesurés dont on nous menace
l’article de l’ADEME dresse, lui, un panorama mondial – en 2016 – et émet un avis global sur l’intérêt de l’éolien
où l’on apprend que le Danemark tire du vent 42 % de sa production et l’Ecosse 97 %
où l’on confirme (en page 4) que, « pour les nouvelles installations de production d’électricité, toutes technologies confondues, l’éolien terrestre en France présente les coûts de production (coûts complets) les plus faibles »
où l’on parle (également en page 4) de la prévisibilité de la production et, pour la relativiser, de l’intermittence
où l’on traite, aussi, des questions des impacts écologiques : acoustique, paysager, préservation de la biodiversité, recyclage des éoliennes ; selon l’ADEME, aucun n’est insurmontable et la réglementation est adaptée
enfin, l’Agence mentionne les possibilités d’investissement de tout un chacun – à travers des associations ou le crowdfunding – dans le chapitre l’« éolien participatif et citoyen »
NB : RTE et ADEME sont des organismes publics à 100 % ; pas des officines écologistes
mentionnons pour mémoire le dernier article, celui du Figaro
il est intéressant : on y trouve tous les poncifs connus depuis des décennies contre les éoliennes … pour ceux de mes lecteurs sensibles à la théorie du complot
je n’en relève que 2 points :
l’auteur se moque de la « religion de l’écologie » ; pour un adjoint LR au Maire de Versailles, cette attaque contre le religieux est surprenante … elle donne une idée du niveau du débat
par ailleurs, il dénonce ces sociétés capitalistes qui mènent un lobbying éolien d’enfer et évoque, évidemment, la corruption … et c’est un nucléophile qui le dit … alors que les 2 acteurs principaux en France sont ENGIE et EDF, capitalistes, certes, mais contrôlés par l’État … et le deuxième est plus porté au nucléaire qu’à l’éolien …
soyons sérieux …
l’attaque – outrée – contre l’éolien ne doit pas étonner : si le choix du gouvernement ne sera acté qu’en 2021, c’est maintenant qu’il faut emporter l’adhésion du peuple ; tous les moyens sont bons et les nucléophiles ont tous les moyens qu’il faut …
ma position est stable depuis que j’ai commencé à écrire ce blog : il faut prolonger la durée de vie des centrales pour faire la jointure et, pendant le temps gagné, développer les ENR
ce papier nous montre – tant dans le rapport de RTE que dans l’avis de l’ADEME – que l’intermittence est un faux problème pour peu que le mix de production soit basé sur plusieurs technologies ; or, c’était la seule raison sérieuse de s’opposer à une production 100 % ENR à terme
construire des EPR, c’est payer plus, en prendre pour 100 ans et accumuler de nouveaux déchets pour les cacher sous le tapis
il ne faut pas le faire … cela ne dépend que de nous : parlons-en entre voisins, mobilisons nos députés …
Daniel Gendrin
* l’ADEME est l’Agence en charge de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
* RTE est la filiale d’EDF qui assure le transport de l’électricité en France
Bonjour Daniel,
Personnellement, je classe la production hydraulique dans le renouvelable …
Et je me méfie des éoliennes donc le bilan environnemental global me semble à démontrer.
Au plaisir de te lire.
Amicalement.
Guy
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merci, Guy de ta réponse
tu as évidemment raison en ce qui concerne l’hydraulique
mais il faut bien remplacer le nucléaire par quelque chose et le gisement des possibilités résiduelles en hydraulique semble peu important
… à suivre …
cordialement
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