en régime capitaliste, le profit immédiat est-il le seul horizon de la gestion d’une entreprise ?
il semble bien que ce ne soit pas toujours le cas …
lorsqu’en novembre 1993 il est question de fusionner Volvo et Renault, ce n’est pas la rationalité économique qui fait capoter le projet ; au contraire, toutes les conditions objectives – gammes, marchés et compétences – sont réunies pour en faire un succès planétaire
l’échec vient d’une photo, celle du ministre Gérard Longuet entouré des 2 PDG en ce qu’elle manifeste – aux yeux des actionnaires suédois – l’arrogance française et l’ingérence prévisible de l’État Français dans le futur groupe
Louis Schweitzer comprend la leçon et lorsque, 6 ans plus tard, Nissan fait faillite, il a l’intelligence de proposer l’Alliance
alors que Renault est l’actionnaire principal de Nissan, c’est bien une alliance qui se met en place et elle n’est pas remise en cause par Carlos Ghosn lorsque, PDG de Nissan, il prend aussi la tête de Renault au départ de Louis Schweitzer
et ce n’est que lorsqu’il voudra rompre l’alliance en fusionnant les 2 entreprises qu’il est victime du complot que l’on sait ; on ne saura peut-être jamais s’il est coupable des faits qui lui sont reprochés, mais la rupture du pacte est la cause de sa déchéance et de la fragilisation d’une aventure industrielle jusque là exceptionnellement réussie, grâce à lui pour l’essentiel
au total, le choc culturel envisagé – la perte de souveraineté, fût-elle de façade – se révèle insupportable pour les Japonais et supplante toute autre considération, y compris le risque sur la pérennité de Nissan
d’autres les exemples le montrent, dans l’automobile* mais pas seulement : en régime capitaliste, le profit immédiat n’est pas toujours le seul horizon de la gestion d’une entreprise
Daniel Gendrin
* les fusions – pourtant abouties – Daimler-Mitsubishi, Daimler-Chrysler, Fiat-GM … sont autant d’exemples où la différence de culture a provoqué échec et rupture ; à ce jour, l’Alliance Renault-Nissan fait figure d’exception