du rapport récent de l’OFCE* qui prétend nous dire à qui profitent les mesures de pouvoir d’achat prises par Macron depuis le début du quinquennat on peut tirer des enseignements intéressants
dans ce commentaire, on va supposer que les chiffres de ce rapport sont exacts ; je dirai en conclusion en quoi ils me paraissent orientés
jetons d’abord un œil sur la courbe ci contre :

inutile de chercher une autre explication au désamour dont a pâti François Hollande : le taux de prélèvement des ménages a crû de 10 % (de 26 à 28,5 points de PIB) sur la durée de son quinquennat
en parallèle, celui des entreprises baissait de 5 %
le peuple sait compter ; aidé par les gilets jaunes, Macron l’a compris : il lui rend du pouvoir d’achat
la publication de ce rapport a donné lieu dans la presse a des commentaires simples voire simplistes : Macron, Président des riches, enrichit les riches et appauvrit les pauvres
c’est ce que montre en première lecture la courbe ci-dessous qui montre que les 5 % des ménages les plus riches gagnent 2,6 % de pouvoir d’achat alors que les pauvres perdent presque autant (2,1%)
je reviendrai sur les riches

en réalité, c’est la classe moyenne – les tranches 7 à 16 – qui tire son épingle du jeu avec un gain supérieur à 1,5 %
ceux qui les entourent (tranches 4 à 6 et 17 à 19) sont moins bien loties (0,9 à 1,3%)
les perdants apparents sont les 9,7 millions de personnes – 15 % des ménages – des tranches 1 à 3

enfin, analysons le tableau ci-contre :
sont perdants les chômeurs (-0,2%) et les retraités (-0,4%)
tous les autres sont gagnants et plus ils sont actifs plus ils sont gagnants
les choix sont clairs et cohérents avec le discours : « il faut que le travail paye »
quant aux riches, ils bénéficient de la suppression de l’impôt sur le capital productif et de la baisse de l’imposition des valeurs mobilières ; selon l’OFCE, ces mesures augmentent leurs revenus de 2,6 % ce dont ils n’avaient évidemment pas besoin et qui ne change pas grand-chose à leur situation
l’hypothèse Macron est que, dans un monde de libre circulation du capital, l’imposer plus que le voisin c’est l’y faire fuir ; c’est la raison de ce choix ; l’évolution de l’emploi semble lui donner plutôt raison
mais cette étude présente 2 biais :
d’abord, ainsi que le disent les auteurs, « cette simulation ne tient pas compte des effets des politiques de l’emploi » or, depuis le début du quinquennat, il y a 300 000 chômeurs de moins qui sont les principaux bénéficiaires de ces mesures ; présenter les chômeurs comme les perdants est, au moins, une approximation
ensuite, ces mesures, particulièrement celles qui touchent à la compétitivité des entreprises, ont des effets sur plusieurs années ; dénoncer les bénéfices immédiats des riches sans tenir compte des effets – beaucoup plus importants mais progressifs – pour les chômeurs est une autre, au moins, approximation
conclusion :
l’OFCE voulait prouver que les riches sont les gagnants et les pauvres les perdants ; c’est fait … approximativement …
cela dit, il restera, même si on arrive à 7 % de chômeurs en 2022, plus de 10 % de la population sur le bord du chemin … si l’on considère que le travail contribue aussi à la dignité du travailleur, il faut aider les exclus à sortir du trou, même si c’est coûteux ; le plan pauvreté doit, au moins, étendre l’expérience Territoires zéros chômeurs de longue durée
Daniel Gendrin
*l’OFCE est un Think Tank d’économistes plutôt classé à gauche