… l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! …

il avait le sens de la formule … : « bien sûr on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! » … ainsi parlait de Gaulle lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 1965 …

à revoir sur Youtube ; ça vaut son pesant de moutarde sur la forme et c’est instructif sur le fond

passées les rodomontades, il avait une sacrée allure … et, sachant ce que nous savons, une vision prémonitoire : pour résumer, le Marché Commun conduira à une coopération politique entre les Etats qui le composent, voire, à terme, à une confédération

il se montre ouvert à la présence future en son sein de l’Angleterre et de l’Espagne

à titre de démonstration, il rappelle qu’en 1961 la France avait proposé l’instauration d’une coopération politique

qu’avons-nous fait d’autre ? : il y a eu en 1958 le Marché Commun (6 pays) puis en 1972 la Communauté Economique Européenne (à 12) et enfin l’actuelle Union Européenne (à 28 et maintenant 27)

rappelons, parce que ce n’est pas inutile, que cette construction s’est faite sur les ruines d’un continent qui, de guerre civile en guerre civile (civile si l’on considère l’Europe comme un ensemble), n’a pas connu un siècle de paix depuis la Pax Romana

ce n’est pas inutile parce que la génération qui disparaît aujourd’hui a vécu dans sa jeunesse le dernier soubresaut mondial de ces guerres, parce que l’éclatement récent de la Yougoslavie montre que la paix n’est jamais acquise, parce que la génération au pouvoir dans l’Est Européen est née sous occupation et dictature, parce que la guerre est à nos portes – en Ukraine et dans tout le Moyen-Orient – parce que les enfants d’Allemagne apprennent que l’Alsace a été allemande, parce qu’il y a 3 millions de Hongrois dans les pays limitrophes de la Hongrie, parce qu’il y a, en Allemagne, des nostalgiques de la ligne Oder-Neisse …

ceux qui, parmi nous, pensent que la paix est acquise sur notre sol se trompent

ce rappel n’est pas inutile pour expliquer les lenteurs et atermoiements qui ont conduit à la structure actuelle de l’Union ; j’ai déjà tenté un plaidoyer dans la chronique … l’Europe et sa gouvernance …, je n’y reviens pas : les peuples n’acceptent de déléguer chaque parcelle de leur souveraineté qu’avec parcimonie mais, pourtant, n’acceptent pas le temps nécessaire à la structure de l’Union pour accorder 27 pays pour toute décision ou presque

et pourtant – j’y reviendrai – la crise du Covid montre qu’une structure fédérale peut être paradoxalement plus réactive et plus efficace qu’une structure centralisée en cas d’urgence …

et puis … les institutions de l’Europe sont présentes dès l’irruption de la pandémie sur le continent : alors que l’Allemagne commence à confiner le 28 février et que les autres pays européens suivent à partir du 10 mars, la BCE intervient le 12 puis le 18, mobilisant 750 milliards d’€ pour soutenir l’activité, chiffre qui passe à 1 050 milliards le 24 puis 1 650 le 4 juin

en parallèle, la Commission fait tomber les tabous de déficit public et de dette publique, mobilise 100 milliards pour soutenir les programmes de chômage partiel puis 450 milliards de prêts aux entreprises et enfin présente un plan de relance de 750 milliards d’€ pour le monde d’après

on ne mesure pas la quantité de tabous qu’il a fallu faire tomber pour en arriver là en 2 mois 1/2 …

reste à faire passer ce plan qui est l’exact équivalent des coronabonds réclamés à hauts cris par tous les bons esprits qui oublient que les payeurs (tout le monde, au prorata du PIB), ne seront pas les bénéficiaires (les pays les plus touchés par la pandémie) : c’est une révolution de la solidarité

parce qu’il y a des gens qui grognent et parce que, si l’Allemagne a donné – merci Macron et Merckel – son feu vert – encore une révolution –, restent à convaincre les pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et la Suède … et il faut l’unanimité …

mais si l’Europe a franchi à l’occasion de la crise Grecque* un pas important dans la sécurisation de l’économie et de notre épargne en organisant la régulation bancaire et si elle réussit – ce n’est pas encore fait – à l’occasion de la pandémie à mettre en place ce plan de relance solidaire, ce n’est pas par hasard : elle est en danger de mort …

depuis toujours elle est menacée de l’extérieur : les Etats-Unis, la Russie, la Chine n’ont aucun intérêt à sa survie et font ce qu’ils peuvent pour la torpiller

mais il y a surtout des menaces internes :

  • il y a ces pays qui trichent avec les valeurs communes en grignotant l’état de droit
  • il y a aussi ces barrières qui tombent entre les démocrates et les non démocrates
  • il y a enfin la désaffection des peuples : pour la première fois, un pays a quitté l’Union et les sondages indiquent que les Italiens se posent majoritairement la question … elle ne survivrait pas à un Italexit

l’Union Européenne est en danger de mort ; c’est ce qu’a compris Merckel

il restera d’autres réformes à entreprendre après l’adoption de ce plan – s’il est adopté –, j’y reviendrai

croisons les doigts et militons …

… et arrêtons d’imputer à l’Union l’impéritie de nos gouvernants …

Daniel Gendrin

  • à propos de la crise Grecque, j’ai écrit dans … Hélas, Ellas … ce que j’en pensais : pour simplifier, et contrairement à ce que disent les âmes sensibles, les Grecs avaient triché sur leur comptabilité, ils ont payé – cher – et l’Europe les a empêché de se noyer … pour plus d’explications, se reporter à mes articles de l’époque

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.