l’auteur consacre un développement passionnant sur le lien éducation / développement, s’appuyant sur la comparaison des situations respectives des États-Unis et des grandes nations Européennes – France, Allemagne, Grande-Bretagne au long des XIXème et XXème siècle
il montre qu’il y a corrélation entre niveau d’éducation et productivité*
rappelons que celle-ci est le rapport entre une production et les moyens mis en œuvre pour sa réalisation : produire avec une bonne productivité, c’est faire avec le juste nécessaire de moyens
pour les besoins de sa démonstration, Piketty utilise le ratio PIB / heures travaillées ; que le PIB ne donne pas une idée satisfaisante du développement d’un pays, il en convient, mais ce chiffre est tout de même représentatif, par définition, de la production nationale
et il compare ce ratio à la généralisation de l’éducation par la scolarité
aux États-Unis en 1850, 90 % des jeunes blancs suivent une scolarité primaire ; ils ne sont que 20 à 30 % en Europe ; le rattrapage, au niveau du primaire, se fait au détour du siècle mais l’avance éducative d’un demi siècle se poursuit dans le secondaire et ce n’est qu’au cours de la décennie 1980 que le taux de scolarisation des jeunes européens atteint 80 %, 30 ans après celui prévalant aux États-Unis
conséquence : en 1950, le travail est deux fois plus productif aux États-Unis qu’en Europe ; le rattrapage du taux de productivité ne se fait qu’aux alentours de 1980-1990 – sauf en Grande-Bretagne restée moins productive de 20 %
tout cela nous éloigne des inégalités … même s’il est intéressant en soi de corréler éducation avec amélioration du revenu national par tête
notons que depuis le début des années 90 les dépenses d’éducation – entre 5 et 6 % du PIB – ne progressent plus alors que la population qui accède à l’enseignement supérieur croît très fortement : nos pays investissent moins dans l’éducation de chaque étudiant que dans la deuxième moitié du XXème siècle et les gains de productivité sont en berne
en parallèle, en particulier aux États-Unis, les inégalités d’accès aux meilleures universités s’accroissent
bien sûr, le professeur Piketty plaide pour sa paroisse
mais comprendre que l’accès égal aux formations est un facteur structurant de réduction des inégalités et plus généralement que les dépenses d’éducation sont centrales pour l’avenir d’un pays n’est pas inutile
Daniel Gendrin
*j’ai conscience que productivité est devenu un gros mot et que les productivistes ont mauvaise presse un peu partout et jusqu’au Vatican … c’est, à mon avis, une grave erreur