contribution d’une amie très chère à la vie de ce blog et partage d’une expérience puissante
Il est autour de 17h.
Comme tous les lundis – et cela pendant plus de 16 ans – je me rends à l’EHPAD où je suis bénévole d’accompagnement. Cela consiste à offrir un temps de douceur et d’apaisement au moment du coucher, moment angoissant avant la nuit.
Cette présence, auprès de résidents vivant une situation de lent mourir, était devenue, au fil des années, un engagement profond et un espace de grande ouverture à cet autre, exilé sur une terre de silence qui n’est plus la sienne.
Aujourd’hui, victime de la COVID au début de la pandémie j’en subis encore les séquelles. L’âge aidant, je me suis trouvée devant un vrai dilemme. L’énergie d’un bénévole est-elle renouvelable pour prolonger encore et encore son engagement ? Après un temps où l’on a œuvré, vient peut-être un temps où la saveur de l’instant, la profondeur de l’éphémère prennent un sens nouveau ? Fallait-il provoquer le destin en crânant ou bien, avec humilité, honorer chaque heure vécue comme une grâce du ciel ?
Le discernement fut long et quelque peu douloureux. J’ai donc décidé de mettre un terme à ces longues années d’engagement et aujourd’hui j’apprends avec humilité, à vivre, avec une intensité moindre, une vie différente dans une présence au monde dépossédée, retenue, fragile.
Il y eut un nomment de deuil, vraiment difficile, même douloureux, d’autant plus difficile à accepter que les autorités de l’EHPAD, dépassées par les évènements de la COVID, ont ignoré l’existence des bénévoles : nous semblions être devenus transparents, voire inexistants. La séparation fut abrupte sans aucune marque de sympathie !
Aujourd’hui je me sens sereine, apaisée, paisible, heureuse de ma décision : je pense que c’est le signe d’une décision bonne.
Marie