nous vivons, je l’ai déjà dit, une époque passionnante : entre les apologistes et les détracteurs de la démocratie la bataille fait rage
si, en Europe, les démocraties marquent des points, les années 2022 à 2024 sont un tournant dans cette guerre mondiale
dans ce papier, on ne sera pas étonné de mon tropisme favorable à la démocratie ; je crois toujours, à l’instar de Churchill, que c’est le pire des régimes à l’exception de tous les autres
bien sûr, il y a eu l’élection de Trump et de Bolsonaro, l’accession de Salvini au pouvoir et l’extrême droite au Bundestag, les dérives autocratiques des pays de l’Est européens et de la Turquie, les cyberattaques de la Russie, les agressions de la Géorgie et de l’Ukraine après l’annexion de la Crimée ; enfin, on découvre aujourd’hui que, en 15 ans, la Chine a rapatrié de force plus de 10 000 Chinois exilés dans 120 pays …
mais depuis Trump, Salvini et l’AFD allemande ont été battus, et leurs amis ont quitté le pouvoir aux Pays-Bas et en Autriche … un vent plus léger souffle à l’Ouest
l’évolution des pays de l’Est Européen mérite qu’on s’y arrête : sauf exception et pour de courtes périodes, ils n’ont pas connu la démocratie avant 1990 et ne se sont libérés de la botte russe et de la « Dictature du Prolétariat » qu’il y a 30 ans ; la séparation des pouvoirs ce n’est jamais simple à vivre pour les dirigeants, a fortiori quand ça ne fait pas partie de la culture ; leur transition vers des démocraties approximatives s’est faite dans la douleur
mais les peuples, en Slovaquie, République Tchèque, Bulgarie, Roumanie, semblent avoir compris – et cela passe par la lutte contre la corruption – qu’une justice indépendante, une presse libre et un gouvernement démocratique ce serait plutôt mieux et les élections sortent les sortants ; là aussi, les choses semblent bouger dans le bon sens
et puis on dit Bolsonaro (2022) et Erdogan (2023) menacés aux prochains scrutins …
alors où va-t-on ?
en Europe, les élections allemandes ont porté au pouvoir un gouvernement europhile et les élections françaises ne devraient probablement pas changer la donne ; si celles qui vont se tenir en Hongrie (cette année) et en Pologne (l’an prochain) confirment ce qu’on constate ailleurs en Europe de l’Est, l’Union Européenne retrouvera un chemin d’avenir
et si les États-Unis réussissent à passer les élections de 2022 puis de 2024 sans le retour au pouvoir de Trump, les démocraties sortiront renforcées de ce début du XXI ème siècle
sinon, c’est l’aventure, y compris pour nous, car l’Europe n’est pas encore adulte …
Daniel Gendrin