être Catholique, cela peut être exaspérant … pourtant, cette Église est la mienne …
trois points d’exaspération :
le synode
le pape a lancé l’Église dans une « démarche synodale »
pour ceux qui n’ont pas suivi l’affaire, cela veut dire qu’il interroge chacun sur son rêve d’Église
ce chemin doit se clore en 2023 et 2024 par deux réunions d’évêques suivies d’une lettre du Pape qui dira comment mettre une dose de participation des fidèles dans le gouvernement de l’Église
François veut ainsi lutter contre le cléricalisme
comme nous sommes plus d’un milliard, c’est une assez grosse affaire …
oui, mais voilà : on donne la parole aux laïcs, ils la prennent ! particulièrement en Allemagne …
et, évidemment, ils parlent des choses qui fâchent : la gouvernance de l’institution – le synode, horresco referens ! y est coprésidé par des évêques et des laïcs –, la place des femmes, le célibat des prêtres, la prise en compte de l’homosexualité … quoi d’étonnant ?
à Rome, donc, on se fâche et les évêques Allemands s’y font remonter les bretelles …
alors, il faudrait savoir : on veut que les laïcs participent ou non ? si oui, ces questions-là ressortiront sur tous les Continents et devront être traitées …
la place des femmes
le site suisse cath.ch mentionne un entretien au magazine jésuite America dans lequel le Pape François tente de justifier l’empêchement pour la femme d’accéder au sacerdoce
le pape fait appel à un raisonnement inintelligible ; il y aurait trois rôles : un administratif (pour lequel les femmes et les hommes ont leur place sans distinction), un pétrinien qui est masculin, et un marial qui est féminin
et il pose que le rôle marial est supérieur au rôle pétrinien
moyennant quoi, la femme est l’épouse et c’est l’époux qui tient les rênes …
… je n’ai rien compris ; pour s’embrouiller ainsi dans ses explications, il faut qu’il soit bien embêté avec cette question ; c’est la première fois que je vois François tenir un raisonnement abscons …
le nouveau Missel
pour ceux qui ne la connaissent pas bien, la messe catholique se déroule en 2 temps ; le premier est consacré à lire et commenter des textes de la Bible et le deuxième à partager symboliquement un repas en commémoration de celui que Jésus a mangé avec ses amis avant sa condamnation
au cours de ce deuxième temps, le prêtre prononce une prière solennelle et bénit – rappelant les paroles du Christ – le pain et le vin qui seront partagés pendant la communion
après le Concile, il a fallu traduire cette prière qui était dite en latin ; cela a été fait en 1969
mais voilà … il y a eu des adaptations …
l’Église Catholique n’aime pas ce qu’elle ne contrôle pas et, à Rome, on trouvait plus généralement que certaines communautés prenaient trop de libertés dans leurs célébrations
en réaction, Jean Paul II a nommé en 2001 une commission pour remettre de l’ordre dans la maison et éditer un Missel universel
20 ans après, la commission vient de rendre sa copie …
le problème est que le texte qui sert de base date du XVI ème siècle, pleine période de contre-réforme … il est donc réactionnaire au sens propre (rédigé en réaction au schisme qui a frappé notre Église lors de la Réforme protestante…)
l’occasion était belle de réfléchir – en fidélité au Concile – au sens de ce que nous célébrons
au lieu de quoi on a mis 20 ans à traduire un texte du latin au français sans aucun effort pour le rendre intelligible et dont au moins certains passages sont théologiquement contestables …
oui, il est parfois fatigant d’être Catholique et il arrive, plus souvent qu’à son tour, à l’Église de tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes
alors, la question est : pourquoi y restes-tu dans cette Église que tu critiques tant ?
chacun ne peut répondre que de sa place
première réponse : je suis bien dans ma communauté
ma paroisse, tellement diverse et accueillante, m’est un lieu chaleureux pour y vivre la relation, compliquée, que j’entretiens avec Dieu
deuxième réponse : où irais-je pour entendre parler de Jésus-Christ ?
lorsque Jésus demande à ses disciples – à un moment où beaucoup se détournent – s’is vont, eux aussi, le laisser tomber, Pierre répond : « à qui irions nous ? tu as les paroles de la vie éternelle »
ces mots, je les fais miens et l’Église est le lieu où rencontrer Jésus
troisième réponse : cette Église, c’est la mienne
personne d’autre n’en est propriétaire et nul intégrisme de m’en chassera ; au bout du compte, elle sera ce qu’avec tous les autres j’en ferai
malgré son insupportable arrogance et malgré ses limites, l’Église Catholique reste mon Église
Daniel Gendrin