Quel avenir pour les paroisses ?

cet article a été écrit dans le cadre de la démarche synodale en cours dans l’Église en vue d’alimenter la réflexion de la paroisse de Saint-Priest ; concrètement, la question qui nous est posée est : « quel futur prêtre pour la paroisse ? »

il montre qu’au moins dans un certain nombre de paroisses des Catholiques prennent au sérieux la question de l’avenir de leur Église et proposent des pistes d’ouverture

Daniel Gendrin

Nous n’arrivons pas à sortir de l’organisation : une paroisse, un curé. Je sais bien que le droit canon est contraignant pour les évêques et qu’ils ne font pas ce qu’ils veulent… mais j’ai souvent le sentiment que l’on va en crever.

1/ Tant mieux si quelqu’un nous demande notre avis sur le futur curé de Saint Priest ; mais… tant que l’on pensera l’avenir d’une paroisse en partant du prêtre qui y est nommé, on continuera d’aller droit dans le mur, comme on le fait depuis des décennies.

2/ Ce qui est solide, c’est la communauté paroissiale et je crois que la nôtre a quelques atouts

3/ Pour vivre, une communauté paroissiale a besoin de reposer sur une équipe convaincue du besoin de vivre la foi chrétienne à plusieurs. La foi chrétienne a besoin de reposer, non pas seulement ni d’abord sur la messe du dimanche, mais sur la recherche d’une vie accordée à l’Evangile dans toute la réalité de nos vies (familiales, sociales, économiques, associatives, etc.). Pour cela la référence première est la Parole de Dieu, lue et méditée à plusieurs. Je sais : « l’eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne » mais cette vérité, pour importante qu’elle soit, ne doit pas nous empêcher de prendre la réalité présente en compte.

4/ À mon sens, une des graves erreurs depuis de longues années, dans notre église catholique, a été de penser la vie du chrétien autour de l’eucharistie sans trop se soucier, du lien fédérateur et créatif de la Parole de Dieu. Heureusement dans notre paroisse d’autres lieux ont du poids et jouissent de l’investissement de beaucoup de laïcs : la catéchèse, le catéchuménat, la préparation et réalisation des funérailles, les petits groupes bibliques, amisel, quelques groupes de réflexion, etc. J’en oublie sûrement. La vie paroissiale devrait reposer en premier lieu sur des responsables de ces différents lieux + sur des paroissiens ayant par ailleurs des responsabilités dans la société, localement ou plus large. En effet, une paroisse n’est pas faite pour tourner sur son organisation interne (même s’il faut qu’elle soit organisée) ; elle est faite pour des catholiques vivants en plein vent, témoins du Christ dans leur vie de tous les jours, chacun à leur manière.    

5/ Il n’y a pas de vie chrétienne dans sa plénitude sans existence du ministère presbytéral. Mais il ne faut pas se cacher la réalité du nombre de prêtres et ce n’est pas parce que l’on fera reposer une paroisse de 68000 habitants sur un curé et des prêtres auxiliaires que l’on aura résolu le problème. Le ministère presbytéral a pour fonction de rappeler à chacun de nous que l’Eglise nous précède toujours (malgré tous les drames qu’elle peut produire)  parce que le Christ nous précède et c’est lui qui fait de nous un peuple, le peuple de Dieu (laïcs, religieux, diacres, prêtres, évêques). La présence de prêtre est indispensable pour que la communauté reste bien une communauté d’Eglise, centrée sur JC, conduite par l’Esprit Saint vers le Père ; mais tout baptisé doit devenir garant de cela à la mesure de chacun et des charismes qu’il a reçu.

6/ Une communauté paroissiale doit pouvoir prier sans présence d’un prêtre. L’expérience des ADAP (assemblée dominicale en l’absence, ou en attente, de prêtres) avait été positive dans le diocèse dans les années 1990 (en particulier dans la partie rurale du diocèse : Rhône Vert et Roannais, très vite touchée par le manque de prêtres). C’était une rencontre simple à organiser : un temps d’accueil pour partager des nouvelles de la communauté, lecture de l’Evangile du jour et partage des personnes présentes autour de ce texte, reprise des points forts par quelqu’un, Notre Père et envoi. On peut diversifier à partir de ce canevas, suivant le lieu et la communauté. L’important est que l’habitude soit prise de vivre en communauté et de prier… aussi en l’absence de prêtre ; ce qui n’empêche pas un message du curé s’il y a par exemple, plusieurs lieux, dans la même paroisse se réunissant sans prêtre. L’idée est surtout, de ne pas attendre qu’il n’y ait vraiment plus de possibilités de nommer un prêtre dans chaque actuelle paroisse, pour « apprendre à vivre » sans la messe du dimanche, tous les dimanches.

7/ Je sais bien que ce qui précède n’est probablement pas dans l’optique, ni dans la théologie de notre évêque Mgr de Germay, pas plus que ça ne l’était pour Mgr Barbarin. Je n’oublie pas non plus les freins que constitue le droit canon mais peut être peut-on profiter de quelques ouvertures et surtout du fait qu’en droit, ce qui n’est pas interdit peut être essayé.

Vue la déchristianisation de notre pays (qui ne date pas d’hier : le livre « France, pays de mission » 1943) il serait plus que temps de s’intéresser à l’expérience des pays de mission où le fonctionnement quotidien des « paroisses » repose sur des laïcs formés, sur un « responsable » de communauté, non prêtre (diacre parfois) et où le prêtre passe au rythme qui lui est possible, pour la formation des laïcs en responsabilité et les sacrements.

8/ On peut bien sûr, envisager l’ordination d’hommes mariés, l’ordination des femmes (encore que je n’y sois pas favorable dans le contexte actuel) mais des décisions en ce sens, dépendent d’un large consensus au niveau mondial. Par choix théologique personnel (et aussi avec quelques autres), je préfère de beaucoup que l’on ait comme visée de rendre les communautés « paroissiales » capables de s’organiser pour être vraiment « chrétiennes » ; cela ne se fera pas sans l’existence d’un presbyterium ; mais cela peut se faire tout à fait autrement qu’aujourd’hui (une paroisse, un curé).

9/ Pour un curé à venir… je désire qu’il ait une connaissance préalable de ce qu’est une banlieue, type Est Lyonnais ou y soit particulièrement adaptable, cela peut exister aussi. Qu’il ait l’habitude de travailler avec des laïcs et de savoir discerner (avec d’autres) les charismes de chacun pour que ces charismes soient mis au service de la communauté. Qu’il sache faire confiance à ceux qui prennent une responsabilité, petite ou grande, dans la communauté paroissiale. Que sa formation ait été diocésaine et non pas celle des trop nombreuses chapelles qui constituent le presbyterium diocésain, etc. (le prado ne fait pas parti des chapelles auxquelles je pense. Il est « soluble » dans le bain diocésain ; ce qui n’est pas le cas de certaines autres chapelles).

Christiane Grimonprez

6/01/2023

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