Quel avenir pour les paroisses ?

cet article a été écrit dans le cadre de la démarche synodale en cours dans l’Église en vue d’alimenter la réflexion de la paroisse de Saint-Priest ; concrètement, la question qui nous est posée est : « quel futur prêtre pour la paroisse ? »

il montre qu’au moins dans un certain nombre de paroisses des Catholiques prennent au sérieux la question de l’avenir de leur Église et proposent des pistes d’ouverture

Daniel Gendrin

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… Église verte …

l’exhortation apostolique laudato si a frappé les esprits bien au-delà de l’Église Catholique tout en obligeant celle-ci à penser ses responsabilités en matière de préservation de la création

c’est ainsi que les Églises chrétiennes, ensemble, ont créé un label « Église verte » pour mettre en commun et valoriser leurs actions dans le domaine

dans ce cadre, on pourrait imaginer le projet ci dessous

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… histoire d’un silence …

… commentaires à propos du livre d’Isabelle de Gaulmyn …

le livre relate l’histoire de ce prêtre accusé de pédophilie à Lyon et dénonce le silence de l’Eglise

quand l’affaire est sortie, j’ai refusé de « hurler avec les loups », considérant qu’il s’agissait d’un coup médiatique ; par ailleurs, comme on sait que je n’ai pas d’affection particulière pour le cardinal, mon indignation aurait pu paraître insincère

ce n’est que par hasard que, récemment, je suis tombé à la maison sur ce livre ; mon épouse m’y incitant, je m’y suis plongé

je dois dire que je suis resté scotché : j’ai été bouleversé par l’ampleur de l’affaire – entre 60 et 100 enfants agressés par une seule personne – et par le silence assourdissant de mon Eglise ; j’ai aussi découvert l’importance des dégâts que causent ces crimes dans la vie des victimes

l’histoire ? c’est tout simple : un jeune vicaire arrive dans une paroisse en 1970, y monte un groupe « scout » et en exploite sexuellement des jeunes garçons pendant plus de 20 ans ; il est muté en 1991 mais reste en responsabilité dans l’Eglise

la hiérarchie ecclésiale sait depuis 1982, ne fait rien jusqu’en 1991 puis, pour toute sanction, met l’impétrant au vert dans le Roannais ; il faudra des plaintes de victimes pour que la justice soit saisie en 2016 ; le tribunal ecclésiastique ne le sera qu’ensuite

comment expliquer ?

le scoutisme de ce groupe ressemblait à celui des années 50 … celui dans lequel j’ai baigné pendant des années et dans lequel j’ai été – comme l’auteure du livre –  plutôt heureux … j’en ai gardé des traces, même si, resté aux Scouts de France, j’en ai suivi et apprécié les évolutions

la dérive du groupe lyonnais a été permise par la confusion des rôles : dans le scoutisme traditionnel, la maîtrise est assurée par le collège des chefs – de patrouille, de troupe, de groupe – ; l’aumônier, en charge de l’animation spirituelle, n’a pas de rôle d’encadrement

j’ai souvenir – je devais avoir 13 ou 14 ans – d’un conflit qui m’avait opposé à l’aumônier de ma troupe lors d’un camp – nous en étions venus aux mains – parce qu’il avait outrepassé son rôle ; il a pourtant fallu m’en confesser, le camp terminé, tant la personne du prêtre était alors intouchable

ce n’est pas un hasard si le groupe incriminé ici n’était membre d’aucun des mouvements scouts officiels : cette dérive aurait été percée à jour et peut-être les crimes évités

la responsabilité des parents – mettre ses enfant dans un groupe marginal – et celle de la paroisse est évidemment engagée ; mais tout le monde était satisfait : le groupe fonctionnait à merveille et le recrutement tournait à plein : il n’y a pas beaucoup d’exemples de groupes de 400 jeunes

et, au fond, une troupe qui marche au pas, dans les années post-68, lorsque la société s’agite –  y compris l’Eglise, surtout à Lyon – un groupe où l’ordre règne – en surface -, c’est plutôt bien vu … donc l’Eglise fait confiance ; quant aux parents : on ne critique pas l’Eglise ! … tout le monde ferme les yeux et … les oreilles …

résultat : 21 ans de pédocrimes impunis à ce jour, une Eglise déconsidérée et des familles bouleversées leur vie durant par la faute d’une organisation aveugle ou lâche

Daniel Gendrin

… 3 étapes sur un chemin de foi …

La Bible dévoilée d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, archéologues israéliens, Jésus, approche historique de José Antonio Pagola, jésuite espagnol et la Résurrection Mythe ou réalité ? de John Shelby Spong, évêque épiscopalien américain …

3 religions, 3 analyses, un thème commun : qu’y a-t-il d’historique dans la Bible ?

une association chrétienne porte le nom poétique : la Bible n’est pas un conte, mais elle se raconte ; le sujet est bien là : la Bible est-elle un conte, ou une série de contes ?

l’Ancien Testament

qu’Adam et Eve soient les héros d’une légende, personne n’en doute – exception faite des fondamentalistes les plus obstinés, chrétiens, juifs ou musulmans – de même, tout le monde sait – aux mêmes exceptions près – que la Terre n’a pas été faite en 7 jours – ou six si l’on ne compte que le temps de travail

… soit dit en passant, les obstinés, cela fait beaucoup de monde, tant l’intégrisme fait des ravages un peu partout …

au delà du Livre de la Genèse, l’archéologie remet en cause – entre autres – l’Exode du peuple hébreu à travers le Sinaï, l’existence de murailles autour de Jericho au temps de Josue – vous savez bien, l’histoire des trompettes – et celle d’un grand Temple à l’époque de Salomon …

l’Ancien Testament, pour être l’histoire du peuple hébreu, n’est pas un récit historique

pour un catholique, cela ne pose pas vraiment problème : après tout, que l’Histoire Sainte apprise à l’école soit essentiellement symbolique, cela ne nous empêche pas de dormir

le Nouveau Testament

le Nouveau Testament nous pose un autre problème : comme les musulmans pour le Coran, nous avons appris que tout ce qui y est écrit est « parole d’évangile » ; poser la question de l’historicité des faits décrits peut paraître sacrilège

un indice pourtant : l’Eglise, dans sa grande sagesse, a retenu – dans une production bien plus importante –  27 livres – dont 4 récits de la vie de Jésus – pour fonder la nouvelle foi ; ces livres n’étant pas exempts de contradictions, la vie de Jésus est, en réalité, mal connue

Pagola, appliquant les méthodes des historiens, distingue dans les Evangiles ce qui relève de l’histoire de ce qui relève du mythe ou de la construction théologique

son livre a fait l’objet ici d’une note de lecture le 11 février 2014 ; je n’y reviens pas en détail ; il a été pour moi l’occasion d’une lecture d’une richesse exceptionnelle

toujours est-il que le principe même de ce livre – souligner ce qui dans les textes du Nouveau Testament ne peut être prouvé historiquement, voire ce qui est en contradiction avec des données historiques – ouvre la voie à une lecture distanciée – non littérale – de ces textes

Spong et la résurrection

la démarche de Spong, centrée sur la résurrection et qui s’appuie sur les textes canoniques, va plus loin

rappelons que les disciples de Jésus, quelques semaines après sa mort, sortent de leur silence et l’annoncent vivant ; ils fondent une communauté sur cette affirmation, basent leur vie sur elle et, pour la plupart, en meurent ; cela, c’est de l’Histoire

l’auteur relève qu’un seul témoin direct – une personne qui dit « je l’ai vu vivant » -, Paul,  rapporte l’évènement

les autres textes sont écrits plusieurs dizaines d’années après la mort du Christ au coeur d’une communauté qui cherche comment décrire l’incroyable : il s’agit de dire que des gens qu’on a connus – eux-mêmes morts depuis – ont dit que Jésus, qui a été crucifié et qui en est mort, a été vu par eux vivant après son ensevelissement

Spong nous dit que ces juifs ont, pour décrire l’incroyable, usé d’un genre littéraire, le midrash, que l’on trouve encore dans la littérature juive d’aujourd’hui – par exemple, dans Les Disparus de Daniel Mendelshon ou dans Judas et Jésus, une liaison dangereuse d’Armand Abécassis

il nous dit que la aggada – l’une des trois formes du midrash – est le moyen d’« interpréter une histoire ou un évènement en le mettant en relation avec une autre histoire ou un autre évènement de l’Histoire sainte (p 24)»

le Nouveau Testament est pour lui un recueil de midrash qui racontent tous la même histoire, celle de Jésus, et cherchent à l’éclairer et à en donner le sens

dès lors, que ces textes soient souvent contradictoires importe peu puisqu’ils n’ont pas vocation à décrire les faits

je n’ai pas la place ici d’entrer dans le détail ; Spong décortique tous les textes de la résurrection

selon l’auteur – je simplifie – ce qui a été écrit par des juifs et selon une logique juive a été lu essentiellement par des grecs ; ceux-ci, ignorant la nature symbolique du texte, en ont fait – dès le deuxième siècle – une lecture littérale qui conduira au credo du Concile de Nicée ; nous baignons dans la théologie qui en est issue

celle-ci entre – au fur et à mesure que se découvrent les lois de l’univers – en conflit avec les connaissances scientifiques et rend le message incompréhensible et la foi chrétienne obsolète pour la plupart de ceux de nos contemporains qui ont accès aux données de la science

que reste-il ?

que reste-il, après tous ces travaux de déconstruction ? si L’Ancien et le Nouveau Testament sont des recueils de légendes, le message des Evangiles n’est-il qu’une mythologie de plus, plus sophistiquée que celle des grecs anciens mais tout aussi dépassable ?

d’abord, il reste l’Histoire :

elle nous dit les peuples qui cherchent depuis la nuit des temps à éclairer les mystères de la vie et qui, à mesure que la science répond aux questions, restent devant l’inconnu

elle nous dit l’aventure singulière du peuple hébreu qui se découvre et célèbre – encore aujourd’hui – un Dieu unique avec lequel entrer en relation

elle nous dit l’irruption dans ce peuple de Jésus qui, prolongeant cette tradition, le libère du carcan des coutumes et résume les commandements dans celui de l’amour ; il mourra de son succès

elle nous dit la bande des disciples terrorisés, fuyant la répression et qui, un jour, se redressent et affirment devant tous qu’ils l’ont revu vivant

elle nous dit aussi ces disciples transformant le monde de leur temps par la force de leur conviction – souvent jusqu’au martyre – et la puissance du message ; ce n’est qu’ensuite, après Constantin, que l’Eglise deviendra la puissance que l’on sait et imposera le message par la force

elle nous dit enfin et malgré tout le message de l’amour transmis à travers les âges par cette Eglise infiniment pécheresse

tout cela c’est de l’Histoire

ensuite, il reste le choix

l’Histoire nous dit que les disciples ont affirmé Jésus vivant

elle nous dit aussi qu’ils ont consacré leur vie – et, pour la plupart, leur mort – à cette annonce

le choix, c’est celui de leur faire confiance – ou pas

le choix c’est donc de croire que, si les textes ne disent pas ce qui s’est passé comme un historien le ferait, ils rendent compte de la réalité

enfin, il reste l’expérience

l’expérience de ceux qui – n’ayant pourtant pas vu Jésus ressuscité – se trouvent bien à suivre Jésus dans le silence de Dieu

choisir de lire les textes d’une manière non littérale – et choisir de les lire quand même au jour le jour – c’est le contraire de l’apostasie, c’est une libération

Daniel Gendrin