… ce que je crois …

l’interpellation d’une amie athée m’oblige à faire, en quelque sorte, profession de foi

à propos de l’expérience spirituelle d’Eric Emmanuel Schmitt dans la nuit de feu, dont je lui ai conseillé la lecture, elle me dit : « j’ai tendance à penser que les illuminations mystiques sont provoquées par tout ce que l’on ignore de notre cerveau »

ce sera difficile d’en parler en 300 mots ; on voudra bien pardonner cette entorse à la règle

par ailleurs, je ne représente rien et ce texte n’est validé par personne … sinon par Régine, comme tous les autres …

parmi tous les possibles – ils sont nombreux – je me réfère principalement – outre la Bible elle-même – à 2 livres : pour l’Ancien Testament la Bible dévoilée d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman et pour le Nouveau Jésus, approche historique  de José Antonio Pagola ; l’un et l’autre font le point sur ce que les recherches historiques, exégétiques et archéologiques nous disent des histoires qui fondent la foi des chrétiens

j’évoquerai aussi le Christ philosophe de Frédéric Lenoir

l’Ancien Testament

s’il n’y a plus, parmi les croyants, que les intégristes (musulmans, chrétiens, juifs …) pour dire – et peut-être croire –  que Dieu a créé le monde en 7 jours, beaucoup pensent que les autres récits de la Bible sont inspirés de faits historiques

or, on sait – cf. la Bible dévoilée – que – par exemple – les premiers livres de la Bible n’ont été mis en forme qu’au 7ème siècle avant J C, que l’Exode n’a laissé aucune trace repérable dans le désert du Sinaï et que David et Salomon, s’ils ont existé, n’ont pas été les conquérants ou les bâtisseurs décrits

si ce récit mythique n’est pas à proprement parler historique, c’est l’histoire d’un peuple, un texte qui accompagne une civilisation dans sa création et en invente les concepts fondateurs : l’homme à l’image de Dieu – donc l’égale dignité de chacun -, l’homme – tout homme – capable du mal (le «péché originel»), le repos du 7ème jour, les 10 commandements, les préceptes qui règlent la vie de la société et tant d’autres …

et puis je me plais à penser la Bible comme un conte dont seul le sens importe : un peuple, peu à peu, se découvre un Dieu unique et s’efforce, dans les vicissitudes, de le suivre ; conte inspiré ou fruit de l’imagination de l’homme, bornons-nous à constater, à ce stade, que le message s’affine au fil des siècles

Dieu et la science

la science nous dit que l’univers naît du Big Bang ; j’ajoute qu’il naît du Big Bang et d’une règle du jeu – sans laquelle le monde ne serait pas

quant à l’origine du Big Bang … rien ! qu’on l’appelle Dieu ou le Hasard, ce rien ce n’est pas rien

l’univers a suivi la règle du jeu et nous en sommes à la situation présente ; rien ne permet de dire que l’évolution est terminée et que l’homme d’aujourd’hui en est l’aboutissement

parce que nous avons des voitures quand nous avions des calèches et parce que nous connaissons et Aristote et Sartre, nous savons que l’Histoire a un sens, que l’homme d’aujourd’hui n’est ni celui d’hier ni celui de demain – cf Theilard de Chardin, cité ici en mai 2014, article fin du Monde …

alors, moi aussi, comme mon amie athée, «j’ai tendance à penser que les illuminations mystiques sont provoquées par tout ce que l’on ignore de notre cerveau» : pourquoi Dieu, s’il existe, s’affranchirait-il de la règle du jeu ?

mais savoir que nous ne savons pas tout ne fait pas disparaître la question de Dieu

Jésus dans l’Histoire

Jésus est un évènement – qu’il me pardonne le qualificatif – historique qui n’est nié par personne ; il est né en Galilée ; sa vie s’est déroulée dans les 30 premières années de notre ère ; il a prêché – avec un certain succès – a été condamné à mort et exécuté par les romains

quelques uns de ses disciples ont affirmé l’avoir vu vivant après sa mort et ont fondé une Eglise sur cette expérience spirituelle

cette Eglise a contribué au premier chef à modeler le monde occidental

tout cela c’est de l’Histoire

les Evangiles, qui disent Jésus, ont été écrits d’environ 20 ans à un peu plus de 55 ans après sa mort ; ils sont le fruit des récits de témoins directs, d’une tradition orale très récente et  d’interprétations théologiques des évènements liés à la vie de Jésus

le livre Jésus, approche historique fait le point de ce qui, dans ces récits, a un caractère historique et de ce qui relève d’autres logiques ; c’est, pour ma foi, un texte fondateur

Jésus, prophète moderne

Jésus a d’abord été un prophète comme les autres – d’hier et d’aujourd’hui – : porteur d’idées novatrices, il l’a payé – comme beaucoup de prophètes – de sa vie : les romains n’ont pas aimé le fauteur de troubles et les responsables juifs le contestataire religieux

dans le Christ philosophe, Frédéric Lenoir dit en quoi Jésus a été novateur – place des femmes, rapport à la violence et pardon, séparation des pouvoirs, attitude envers les pauvres … – je n’y reviens pas, son livre suffit

la civilisation dans laquelle nous vivons lui doit beaucoup – dans ce qu’elle a de positif – n’en déplaise à certains

jusqu’ici, pour ce qui concerne Jésus, tout le monde, croyant ou pas, peut être à peu près d’accord … sauf évidemment les intégristes  (musulmans, chrétiens, juifs, laïques …)

c’est là que ça se corse, car Jésus n’est pas Martin Luther King ou Gandhi

Jésus … ressuscité ?

la foi des chrétiens repose sur le témoignage de quelques dizaines de personnes ; elles disent l’avoir vu vivant après sa mort

les disciples – y compris les plus proches – qui firent cette expérience spirituelle n’ont, presque tous les textes le montrent, pas reconnu Jésus de prime abord et nous ne savons pas ce qu’ont été précisément ces rencontres

mais elles ont suffit pour qu’ils sortent de leur cachette et prennent la parole en public pour dire : «ce Jésus que vous avez fait clouer sur la croix, … Dieu l’a ressuscité » et ils ont fondé une Eglise sur cette affirmation, convertissant d’abord des juifs puis des «gentils»

j’ai longtemps essayé de comprendre, jusqu’à comprendre qu’il n’y a rien à comprendre : ils ont dit la vérité ou ils ne l’ont pas dite ; on peut leur faire confiance ou on ne peut pas

il ne reste qu’un choix : leur faire confiance ou pas ; ce n’est pas par hasard que les mots confiance et foi puisent à la même source

tout le reste – qui pourra être dit plus tard – est secondaire : comme le dit Paul – l’apôtre converti – aux habitants de Corinthe : «si Jésus n’est pas ressuscité, notre foi est vaine»

Daniel Gendrin

PS : petit calcul de probabilités pour mes amis matheux : l’univers que nous connaissons est le fruit du big bang et de la règle du jeu, tout le monde est d’accord ; est-il plus probable qu’il soit le fruit du hasard ou le résultat d’une pensée ?

… dérive islamiste … l’explication religieuse …

hier matin sur France Inter, 3 explications – présentées comme exclusives l’une de l’autre – à l’attirance qu’exercent les islamistes sur un certain nombre de jeunes : le maire de Nanterre dit les ghettos urbains, Bernard Guetta la volonté d’émancipation des sunnites d’Irak et de Syrie et Claude Guibal (auteure d’Islamistan) l’émergence d’une réponse religieuse au modèle occidental

les 3 explications sont justes et leurs effets s’ajoutent

intéressons-nous à la troisième

soulignons que dans les jeunes qui partent en Syrie, 1/3 sont des convertis ; la question n’est donc pas seulement celle de l’intégration ; alors quid d’une problématique religieuse ?

en 2 siècles nous avons chassé le christianisme de la sphère publique

nous l’avons remplacé par une morale dont les préceptes en sont hérités

d’abord la morale de l’interdit – tu ne tueras pas, tu ne commettra pas d’adultère, tu ne voleras pas … – ça ne date pas d’hier !

mais aussi la morale positive avec la déclaration des droits de l’homme – … les hommes naissent libres et égaux … – ou, entre autres, l’obligation – librement consentie – d’accueillir les opprimés sur son sol

nous prenions à notre compte, en le laïcisant, le discours de Jésus-Christ

or, depuis les années 80, la fascination de l’argent a tout balayé, entraînant explosion des inégalités et exclusion

comble du renoncement, lorsque le réfugié frappe à notre porte, nous la lui fermons au nez

comme les hébreux au Sinaï – il y a 2 700 ans – nous adorons le veau d’or

nous avons trahi les Lumières et renoncé à nos valeurs, comment les plus ardents de nos jeunes pourraient-ils s’y retrouver ? … quand les plus fragiles d’entre eux se retrouvent en face de gens qui leur promettent le ciel contre le don de leur vie, certains s’y laissent prendre …

Daniel Gendrin

PS : mais il est clair que l’explication religieuse de la dérive d’un certain nombre de jeunes n’est pas la seule

… Foi …

 

encore un texte qui n’est pas de moi

je suis un chrétien assidu mais assez distrait et il n’est pas rare que je n’aie qu’un souvenir très approximatif des homélies (… autrefois on disait sermon… ndlr) une fois la messe finie

je me suis bien retrouvé dans celle-là – qui survient à un moment riche de mon chemin de Foi – et j’en ai demandé la transcription ; je vous la sers tel qu’elle est … même si c’est un peu long …

curieusement, je me retrouve sur les 4 chemins dessinés – même si certains me sont évidemment plus familiers que d’autres

ça intéressera quelques-uns de mes amis, peut-être pas ceux que l’on croirait …

Daniel Gendrin

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… Devant les hauts murs du scepticisme, je repère 4 portes d’entrée dans la foi, même si, bien entendu, chacun de nous a son passage secret vers Dieu.

1 – La porte de la raison.

Elle interroge l’intelligence. Pour étayer cet argument, ma foi rejoint celle de Descartes, de Voltaire ou de Pascal en son fameux pari ; [elle] rejoint beaucoup de scientifiques qui sont pratiques et pragmatiques, mais aussi tous les chercheurs émerveillés par le monde.

On a beau admettre le rôle du hasard et de la nécessité, maîtriser en partie les lois de l’évolution, remonter aux implosions initiales et calculer les fins programmées, il reste que la contemplation de l’univers, l’infinie complexité du vivant et l’ignorance de la source première, supposent un « grand architecte ou un grand horloger ».

Même la « théorie du Tout » qui prétend se passer de Dieu, laisse ouverte l’hypothèse que ce « Tout » puisse être Dieu, et n’épuise pas le mot du philosophe Leibniz : «Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?»

Face à ceux qui doutent, je parie, comme Pascal, sur un avenir éternel, davantage que sur un néant définitif. « Puisqu’il faut choisir, pesons le gain et la perte, en prenant choix que Dieu existe. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc, sans hésiter, que Dieu est. »

2 – La porte du mystère.

A l’inverse des précédents, il y a ceux qui disent. « Moi, j’ai la foi du charbonnier », que je traduis ainsi : « Vous nous fatiguez avec toutes vos grandes questions philosophiques et théologiques compliquées : la foi est un mystère qui s’accueille sans preuve. »

Et ils me citent la belle histoire du paysan d’Ars que le saint curé trouvait parfois en train de prier au fond de son église : « Je l’avise et il m’avise » ; « Je regarde le Christ sur la croix, je le devine au tabernacle, et il me regarde ».

C’est la foi secrétée par une évidence intérieure où le mystère ne demande pas d’explication. Elle est posée « une bonne foi pour toutes » dans la gratuité, la cordialité et l’infinie confiance que nous mettons en tous les témoins croyants qui nous ont précédés.

3 – La porte de l’expérience.

Elle s’ouvre lorsque le dépassement de ce qui est contingent et matériel nous fait accéder à l’étonnant espace spirituel qui est en nous. […] rejoint la multitude des croyants et des « mal croyants », qui font le constat de la puissance de la vie et de l’amour au cœur même de leur existence.

Cet amour de la vie et cette foi en l’amour les situent d’emblée dans un univers spirituel qui dépasse de loin la banalité des choses, l’instinct du monde animal et l’ordinaire de « la chair », comme dit Saint Paul. « Je ne comprendrai jamais ceux qui mangent, boivent et dorment, qui gagnent mille écus par an, et qui appellent cela « vivre » ! » disait le dominicain Lacordaire.

L’expérience vécue de tout ce qui se renouvelle après tant d’échecs, de ruptures, de dépressions, de mensonges ou d’erreurs, nous fait aimer la Vie. La contemplation des renouveaux, des gestations, des naissances, des libérations, des créations, des communions, des espérances et des courages, de tout ce qui se guérit, s’ouvre et s’invente, nous parle de résurrection.

Si nous pouvons ici-bas entrevoir les signes nombreux de transfigurations multiples, la résurrection devient alors une logique décisive, qui s’inscrit après la plus radicale des ruptures, celle de la mort. La vie spirituelle foisonnante qui nous forme et nous transforme peut-elle mourir ? Je crois que « non », et je soupçonne ceux qui répondent « oui » d’être de « mauvaise foi » !

4 – La porte de la rencontre :

c’est « la Rencontre » avec cet homme étonnant, Jésus, qui nous parle de vie et d’amour et qui nous propose un chemin de relations intelligentes, de beauté, de bonté, de justice et de paix.

Comparé à de multiples traditions, que par ailleurs je respecte et dont je pense que beaucoup sont proches du christianisme, il me parait que le chemin de Jésus assure les fondements les plus humains qui soient, dans l’ordre du respect et de la liberté.

Or ce Jésus, qui me parle bien de l’Homme, me parle « aussi » de Dieu, Père de tendresse qui m’espère et qui m’attend. Si je suis capable de suivre Jésus en bon humaniste, pourquoi refuserais-je de le suivre « aussi » quand il me désigne la source de ce bonheur qu’est Dieu, et dont il me promet la vision dans une vie éternelle ? La foi est alors adhésion sereine et confiante à la Parole du Christ-Jésus .

C’est l’histoire de cet homme de 40 ans, en forte dépression à la suite de lourdes
tâches et de nombreuses contrariétés. Obligé au repos et aux antidépresseurs, il ne fait plus grand-chose, jusqu’au jour où, allongé sur le lit, lui revient à l’esprit et avec force le mot de Jésus : « Lève toi et marche ! » Il s’est levé d’un bond, a supprimé toutes les drogues et n’a jamais plus souffert de dépression. Non pas : « Je te sauve », mais « Ta foi t’a sauvé ! »

Jésus est « La Porte ». Son Esprit en nous est force inouïe de vie et d’amour. Laissons le donc accompagner tous les passages que nous avons à faire en ce monde, jusqu’en l’autre. C’est l’Esprit de Pentecôte qui prolonge et affermit le don de Pâques.

P. Michel Clemencin. Avril 2015

lettre d’un catholique à François, Pape,

le texte ci dessous n’est pas de moi ; il est plus long que prévu par les règles de ce   blog ; comme d’habitude, je ne l’ai pas retouché

le sujet est important pour pour tous les catholiques, particulièrement pour ceux qui, parce qu’ils sont divorcés et remariés, sont mis à l’écart dans ce qui est pourtant aussi leur Église

celle-ci réunit bientôt ses évêques sur le sujet ; cette lettre contribue utilement au débat

Daniel Gendrin

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Très Saint Père, Très cher François, Monseigneur.

C’est un Chrétien divorcé-remarié et en souffrance qui vous écrit.

Divorcé, remarié depuis 10 ans, je participe à plusieurs mouvements et actions dans notre Église ; en particulier dans l’accueil des  Chrétiens divorcés.

Mais souvent nous ne sommes pas bien accueillis par certains acteurs de la vie d’Église, nous Chrétiens divorcés. Souvent, des mots, dits avec la meilleure volonté du monde, nous occasionnent de grandes souffrances ; je donne deux exemples qui me touchent particulièrement.

–  La brochure distribuée par la Pastorale de mon évêché aux divorcés non remariés : « Comme tous les baptisés, vous avez à témoigner de la foi qui vous anime et à la nourrir par la prière et les sacrements : réconciliation, eucharistie, mais aussi confirmation et sacrement des malades« .

–  Une très belle lettre de mon précédent évêque, Mgr Daucourt sur l’eucharistie :  » … Peut-on se dire chrétien et choisir dans la Parole de Dieu seulement ce qui nous convient en faisant fi des paroles de Jésus comme celles-ci : « Prenez et mangez, ceci est mon corps … Faites ceci en mémoire de moi » ou « Celui qui me  mange vivra par moi » … En conséquence, je ne vois pas comment, nous pourrions dire ou laisser dire, sans réagir, qu’on peut être chrétien sans participer à l’Eucharistie.  »

Ces évêques nous disent ici que nous ne pouvons pas nous dire Chrétiens, nous rappellent que nous ne pouvons pas accéder aux sacrements… et en même temps, que nous faisons partie intégrante de l’Église. Cette contradiction met tous les catholiques en porte à faux.

Parfois, je me demande « qu’est-ce que cette Église qui me refuse la nourriture, la force que Jésus est venu nous donner (Prenez et mangez en TOUS), cette Église qui refuse de me pardonner alors que Dieu pardonne (Dis une seule parole et je serais guéri) ?

Et je me demande alors ce que je fais dans cette Église qui « oublie » les Évangiles et la Miséricorde !

Notre souffrance est grande. Paradoxalement, elle augmente avec Votre arrivée. Car vos paroles magnifiques sur la miséricorde ou le soin des blessés dans les hôpitaux de campagne sont porteuses d’une immense Espérance. Mais elles « remuent le couteau dans la plaie ».

Oui, Vous parlez d’Hôpital de campagne ! Les divorcés remariés sont des blessés de la vie, profondément. Ils ont généralement vécu de grandes souffrances dans leur divorce, certains se sont fait renvoyer très brutalement. Et lorsqu’ils retrouvent une vie d’amour (qui permet aussi une meilleure vie pour leurs enfants) ils sont largement rejetés par leur Église, au moins dans les actes car le discours est souvent ouvert.

Vous avez suscité un tel espoir qu’il me semble important que vous agissiez dès maintenant.

La position actuelle du Magistère de notre Église (qui scandalise une majorité de fidèles) est à la fois basée sur des textes et étayée. Elle est aussi discutable et discutée par des centaines de théologiens, de prêtres et d’évêques et peut donc être modifiée facilement.
Pour prendre un seul exemple : l’argument le plus employé, le lien entre Mc 10-9 …  » Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !  » et l’interdiction des sacrements (pour les remariés seulement) me semble pour le moins très indirect

Je propose de réfléchir à la pensée du théologien André Naud : « Une condition s’impose pour sortir de l’impasse. Elle consiste à consentir à voir l’enseignement de Jésus sur l’indissolubilité du mariage comme le rappel d’un important devoir moral non pas comme s’il s’agissait d’une loi juridique absolue.

Les divorcés voient trop souvent le Magistère de notre Église comme les scribes et les docteurs de la loi, et pas assez comme les pasteurs chargés de nous guider (Mt 23-23 « Vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité »… ).

Vous parlez de Miséricorde, et notre cœur bondit de joie.

Vous parlez merveilleusement d’hôpitaux de campagne, de soigner les blessés, alors pourquoi attendre encore ?

Avec tout le respect que j’ai pour vous, je vous demande avec insistance de faire évoluer la pratique actuelle vers une possibilité pour nous de recevoir les sacrements.

Il y a sûrement plusieurs chemins, mais vous pouvez mettre en place une pratique provisoire.

Par exemple proposer que  les divorcés qui ont fait un réel chemin de pénitence, de pardon et de réconciliation en parlent avec un prêtre avec qui ils sont en confiance.

Et ce prêtre aura Votre autorisation pour décider qu’il peut leur donner l’absolution et l’autoriser à recevoir le corps du Christ, à vivre pleinement comme des Baptisés .

Les prochains synodes pourraient ensuite préciser cette nouvelle voie.

Je suis convaincu qu’après avoir réfléchi et prié, vous trouverez un chemin pour que nous puissions à nouveau accéder à la vie de notre Église.

Sinon nous restons dans cette situation où les personnes qui vivent un divorce n’ont que deux possibilités : rester seules le reste de leur vie ou bien aimer en étant privés des sacrements et donc privés d’une vie de Chrétien « normale ».

Vous seul pouvez en décider.

Je vous remercie infiniment de votre présence et de vos actions pour notre Église

Bernard BRULEY

…. tu seras là …

toi mon ami, mon frère,

ma femme, mon amante,

toi dont j’ai follement partagé le bonheur,

qui es là, dans la boîte, au chœur de cette église,

tu seras là ce soir …

tu seras là ce soir et demain et longtemps

tu seras là, pour moi, là, dans mon souvenir

et dans le souvenir de ceux qui t’ont aimé

et dans le souvenir de ceux qui t’ont connu

ton souvenir en nous, s’estompant peu à peu

fait que tu seras là, longtemps

tu seras là aussi, ce soir et demain et toujours

tu seras là, oui dans tes conséquences

pas seulement tes enfants ou bien tes créations

mais tu as laissé trace dans ceux qui t’ont connu

le monde est bien plus riche de ce que tu nous laisses,

le monde est différent parce que tu as été

tu seras dans ta trace toujours, jusqu’à la fin du monde

toi mon frère, ma femme, mon ami,

toi dont on pleure aujourd’hui le départ pour ailleurs

ce soir tu seras là,

là, dans mon souvenir et ton empreinte au monde

mais accessible aussi,

comme tous les autres,

vivants et morts,

comme Dieu,

dans la paix de ma prière

tu seras là …

Daniel Gendrin

… résurrection …

j’ai, un jour, dit une prière

sur le cercueil d’un de mes amis proches

elle disait, s’adressant à Jésus :

«  … de Ta résurrection nous ne savons qu’un fait :

Tes amis s’enfuyant, loin du lieu du supplice

et puis qui s’en reviennent quelques jours ensuivant

annoncer qu’ils T’ont vu …

c’est bien peu, c’est beaucoup

le socle de la Foi »

une amie dit alors que, pour croire,

elle attendrait un signe

il n’y a pas de signe, hors de ce témoignage

venu du fond des temps, incertain, mystérieux

de ces femmes, de ces hommes, affirmant qu’ils L’ont vu

avec leurs pauvres mots pour dire l’incroyable

en guise de caution, n’apportant que … leur vie

il n’y a d’autre signe que ce témoignage

mais aussi cette paix que l’on trouve en son soi

au creux de la prière

quand on vient l’y chercher

Daniel Gendrin

… fin du Monde …

que devient le monde après … ? quel est le destin de  l’humanité ?

j’ai déjà dit ici ce que je pensais de ceux qui lisent les textes fondateurs à la lettre : intégristes, qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou autres, ils sont tous à mettre dans le même sac … malheureusement, en général, ce sont eux qui dressent les bûchers

ainsi de ceux qui imaginent le Christ – ou Dieu, je ne sais plus – descendant le dernier jour d’on ne sait où assis sur un trône entouré de toutes sortes de créatures célestes et au son du  clairon …

n’empêche, la Terre n’est pas éternelle et l’humanité encore moins ; la question reste …

au détour d’une réflexion sur la résurrection, engagée de longtemps et réactivée par le décès récent d’un vieil ami, je suis tombé sur le texte d’une conférence donnée par Teilhard de Chardin en mars 1945 à Pékin, texte publié en 2002 par la revue Études

il y livre sa pensée – à partir des données scientifiques connues à l’époque – sur la genèse et l’évolution de l’univers et sa réflexion sur l’aboutissement de cette aventure

son raisonnement est basé sur le constat de la complexification constante de l’univers : depuis le « chaos primordial » (le Big-bang n’est alors pas connu), l’univers évolue du moins complexe vers le plus complexe, continûment ; Teilhard explique, entre autres choses, que l’homme, être le plus complexe existant actuellement sur Terre, y tient de ce fait une place centrale mais il en déduit aussitôt que l’évolution se poursuit et que la forme humaine actuelle n’est qu’une étape dans ce mouvement de complexification

ainsi l’auteur ne se contente pas d’inventer le passé ; il imagine la suite et livre sa réflexion sur la fin du voyage ; sans déflorer le sujet – je vous laisse le plaisir de découvrir le raisonnement dans son entier – disons qu’il prévoit la poursuite du mouvement vers la « planétisation » de l’humanité puis sa spiritualisation et sa fusion finale dans ce qu’il appelle le « point oméga »

c’est facile à lire, beaucoup plus passionnant qu’il n’y paraît, traité d’un point de vue scientifique et absolument areligieux (rappelons que Teilhard était jésuite et scientifique)

… je ne sais pas s’il est théologiquement orthodoxe mais ce texte m’a beaucoup éclairé …

Daniel Gendrin

PS : pour + d’infos : http://www.associationlyonnaise-teilhard.com/Catherine-Godinot-Vie-et-Planetes-Que-se-passe-t-il-en-ce-moment-sur-terre_a425.html

… note de lecture : Jésus, approche historique …

Jésus, approche historique  est un livre de José Antonio Pagola, prêtre et théologien espagnol

tous ceux qui se demandent qui a été Jésus en tireront profit, pour une prise de contact, un approfondissement, une (re)découverte ou la satisfaction d’une curiosité ; il est bien écrit et se lit facilement

ce n’est pas un livre de Théologie ; son objet est de recenser ce que l’exégèse et la science nous disent de la vie de celui qui a vécu en Galilée il y a 2 000 ans et du contexte qui l’entourait

les sources sont les textes fondateurs retenus par l’Église mais aussi les résultats des recherches archéologiques et les textes d’époque, romains, juifs et chrétiens,

l’histoire est connue :

le pays est pauvre, écrasé d’impôts par l’occupant romain et par les projets pharaoniques des rois juifs

l’enfant grandit dans sa famille à Nazareth, le jeune adulte cherche dans la prière, au désert, Celui qu’il appellera plus tard son Père ; il vit une expérience spirituelle et découvre sa vocation au moment de son baptême par Jean

Jésus, signe de contradiction, prend ses distances avec les traditions de son peuple : il laisse sa famille, vit sans femme, ne fonde pas sa prédication sur la Thora, « mange et boit » avec les exclus et les collabos, ne respecte pas le sabbat, ne craint pas de rencontrer les femmes, met les enfants au centre du jeu

il annonce l’avènement d’un Royaume où sont prioritaires ceux qui sont dans la peine, guérit les malades et pardonne les péchés …

il parcourt la Galilée avec un groupe d’hommes et de femmes et y rassemble des foules ; mais il rassemble trop de foules et sème le trouble à Jérusalem ; les romains ne s’embarrasseront pas d’un semeur de désordre, qui, en plus, touche aux intérêts du Temple ; ils le condamnent et le crucifient

cela pourrait s’arrêter là : ses amis, désespérés s’enfuient en Galilée … mais les voilà qui reviennent et l’annoncent ressuscité ! … on sait ce qui en résulte …

l’histoire est connue mais la richesse du livre est ailleurs :

il rend Jésus vivant dans son cadre, avec la petite équipe de ses amis, annonçant le Royaume au peuple des exclus, subissant la colère de ses contradicteurs et le supplice des romains …

il nous dit l’état de l’analyse des textes : qu’a vraiment dit ou fait Jésus ? quelles paroles et quelles histoires sont certainement de lui ? qu’a-t-on ajouté dans les premières dizaines d’années après les faits ? quels textes relèvent de l’histoire et quels autres de la réflexion théologique ?

ce livre est un grand bol d’air frais parmi la multitude de ce qui a été écrit sur le sujet ces dernières années …

Daniel Gendrin

 

… et voilà qu’ils découvrent la question du genre …

il paraît que nous voulons transformer les filles en garçons et réciproquement … allons bon !

… ma grand-mère épluchait les fruits qu’elle servait à mon grand-père, ma mère tenait la maison, je fais la vaisselle, mes fils font la cuisine …

… lorsque ma mère entrait à l’Agro, cela faisait les premières pages des journaux ; il y a, parmi mes nombreux neveux et nièces, plus de doctoresses que de docteurs …

le monde évolue et la femme change de modèle … et l’homme aussi, par conséquent ; bien ou mal, c’est un fait

en même temps, une fille, dans le cas général, découvre en grandissant que non seulement elle sera moins payée que son compagnon ou aura moins de chances de faire une grande carrière mais qu’en plus elle aura l’essentiel de la charge des enfants ou de la maison … lorsque Simone de Beauvoir invente qu’ «on ne naît pas femme, on le devient», c’est seulement de cet apprentissage qu’il s’agit et pas de je ne sais quel fantasme sexuel … ou homosexuel …

l’école, depuis toujours, a la mission de promouvoir les valeurs républicaines : Liberté, Egalité, Fraternité et on voudrait lui interdire de délivrer un message d’égalité ?

les nostalgiques d’un monde révolu se réveillent et s’insurgent, quoi de plus naturel ? l’homme et la femme changent, sans eux, malgré eux, contre eux

… intéressante, d’ailleurs, cette sainte alliance des intégristes de tous poils, de Civitas aux islamistes radicaux, apparue lors du récent boycott des écoles – avec, en back office, un Front National qui tire les ficelles et se lisse les moustaches ; intéressante, mais normale : les mêmes ressorts les animent, la même lecture sans intelligence des textes fondateurs, la même peur de l’autre … à suivre …

Daniel Gendrin

Intégrismes

Une amie de St Priest nous racontait récemment qu’il y a des années, alors qu’elle vivait en Algérie,  ses voisines, musulmanes, avec lesquelles d’ailleurs elle avait les meilleurs rapports du monde, étaient tristes de savoir qu’elles ne la retrouveraient pas au paradis puisqu’elle n’était pas musulmane. Cela nous avait fait sourire … fallait-il que la religion musulmane soit archaïque pour dire un Dieu limitant le salut à ses seuls fidèles !

Patatras ! Je viens de découvrir au cours d’une conférence – donnée par une responsable de la formation à l’évêché de Lyon – que dans l’Église Catholique, la mienne, le discours est le même : seuls ceux qui auront accepté le Christ comme sauveur seront admis à la droite du Père (à l’exception – peut-être – de ceux qui n’ont jamais entendu parler de Lui, mais ils ne sont pas très nombreux).

« Hors de l’Église, point de salut ! » C’est ce qu’on nous disait, autrefois, dans les années 50 … et nous qui pensions cela dans la naphtaline après le Concile et la réunion d’Assise …

Pauvre Jésus ! Il a passé son temps – et donné sa vie – pour nous apprendre « aimez-vous les uns les autres … », voilà qu’on le transforme en sergent recruteur de l’Église …

Enfin, heureusement, c’est Lui qui aura le dernier mot

Daniel Gendrin