… c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez …

 cet aphorisme que Matthieu prête à Jésus me paraît très actuel : il est plus que temps de faire le bilan de la civilisation choisie dans les années 70

d’abord parce que nous aurons – espérons-le – l’occasion en 2017 de prendre des voies nouvelles

ensuite parce que les manifestations – partout où elles sont libres de s’exprimer – de défiance des populations vis à vis des élites montrent qu’il est nécessaire et désormais possible de repenser le monde

la défiance est partout : dans le repli sur soi des européens, le vote Britannique, la montée des extrêmes, les succès de Trump et Sanders … même l’OCDE, le FMI et d’autres institutions constatent les impasses actuelles

au fond, de quoi parle-t on ?

dans les années 70, on – Deng Xiaoping, les Chicago boys, Reagan, Thatcher et beaucoup d’autres – a dit au gens « enrichissez-vous » et, supprimant les règles qui en fixaient les limites, placé la richesse matérielle et l’individu au centre du jeu, réhabilitant la loi de la jungle

c’est une réalité : les libéraux ont gagné la bataille idéologique

40 ans après, quels sont les fruits de cette révolution ?

à l’actif
le développement des pays émergents et la réduction rapide et massive de la très grande pauvreté
la mise à disposition universelle de la connaissance et tout ce qu’on peut en espérer
le développement d’une multitude d’entreprises innovantes
l’espérance de la libération du travail contraint
 

au passif

l’accroissement rapide – et sans limite prévisible – des inégalités
l’apparition d’une classe d’exclus dans les pays riches
la destruction accélérée de la planète

 

dans un monde à croissance faible, ceux qui s’enrichissent le font – que ce soit conscient ou non  –  au détriment des autres ; dès lors, les inégalités sont porteuses d’un danger politique majeur : révolte des peuples ou accaparement du pouvoir par les possédants – voire les deux – la démocratie n’est pas à l’abri

les débats qui s’ouvrent en France et en Europe sont l’occasion de repenser notre monde ; plutôt que de se retourner vers le passé – voire vers les démons rouge-brun – nous devons pouvoir ouvrir un chemin vers un avenir de liberté dans lequel l’intérêt général sera replacé au coeur du système …

aucun des 3 concepts de notre devise « liberté, égalité, fraternité » ne peut être négligé …

Daniel Gendrin

… de Poutine, d’El Assad et des gens à la mode … partie 2 : El Assad …

j’ai parlé de Poutine dans la première partie ; s’il est associé à El Assad, c’est qu’ils sont conjointement en odeur de sainteté auprès de certains et qu’ensemble ils sont partie au conflit Syrien

un dirigeant autoritaire, c’est un dictateur qui n’a pas encore eu d’opposant sérieux ; dès qu’une opposition sérieuse apparaîtra en Russie, Poutine utilisera les mêmes moyens qu’Assad – comme il l’a fait en Tchétchénie

des syriens se révoltent pacifiquement en 2011 ; El Assad, instruit par l’exemple Libyen, choisit la répression puis, après le retournement d’une partie de son armée, la guerre ; elle se solde, 5 ans après, par plus de 250 000 morts et de 3 millions de réfugiés hors des frontières et l’irruption des islamistes … sans parler des dégâts matériels et géopolitiques, puisque personne de sensé ne voit de solution

qu’il faille négocier est une évidence ; qu’il faille le faire avec le régime en place aussi : dans une guerre, on parle avec l’ennemi …

mais imaginer que Bachar El Assad reste en place est illusoire : les 3 ou 4 millions de réfugiés qui se sont enfuis sous ses bombes vont-ils, en confiance, renter chez eux ? les opposants restés sur place vont-ils le voir reprendre le pouvoir, réimplanter sa police politique et ses centres de torture ?

je ne sais pas si de la guerre sortira une démocratie – il y a peu d’exemples – et je ne sais pas si la Syrie existera encore dans 5 ans mais il ne paraît ni vraisemblable ni souhaitable qu’El Assad reste au pouvoir ailleurs que dans un réduit Alaouite, autour de Lattaquié, et encore …

Daniel Gendrin

PS : que ceux qui aiment les régimes autoritaires méditent cette évidence : il est plus difficile d’en sortir que d’y entrer …

… de Poutine, d’El Assad et des gens à la mode … partie 1 : Poutine …

un neveu lecteur me signale trois fautes de Français dans un texte publié en septembre 2013 … faut-il aider les peuples en révolte ? …

qu’on lise encore un opus vieux de 2 ans étonne mais donne l’occasion de se relire

chacun pourra – s’il a le temps – se reporter à l’article, dont je ne renie rien ; l’une de ses conclusions était : ‘… la dictature, ça n’a que des inconvénients …’

on comprendra que je sois surpris par la nouvelle coqueluche d’une partie de la droite Française selon laquelle – à la remorque du Front National et des sites de propagande russes – Poutine, au fond, est plutôt sympathique et Bachar El Assad est la solution au conflit syrien

on parlera d’Assad séparément

Poutine est l’homme qui pense que la plus grande catastrophe du XX ème siècle est la dislocation de l’empire soviétique – les sites Poutiniens affirment qu’il n’a parlé que d’une grande catastrophe

la chute de l’URSS c’est la poursuite, avec un temps de retard, du démantèlement des empires coloniaux ; Poutine, homme du passé, s’en désole, quoi de plus naturel ? il aimerait revenir en arrière et cherche à contraindre ses anciennes affidées par des actions de guerre (Tchétchénie, Géorgie, Ukraine) … – ou des pressions économiques et politiques (républiques du Caucase, Moldavie, Belarus, …)

en parallèle, il chatouille les européens, laissant son aviation ou sa marine frôler – et parfois franchir – leurs espaces aériens ou leurs eaux territoriales – la destruction d’un de ses bombardiers par la Turquie est le résultat de ce petit jeu

Poutine est un homme dangereux et … respectable mais comme on respecte un adversaire : si, en Europe, personne n’envisage de mourir pour Kiev ou Minsk, il faudra bien défendre, le cas échéant, Kaunas ou Vilnius …

Daniel Gendrin