… histoire d’un silence …

… commentaires à propos du livre d’Isabelle de Gaulmyn …

le livre relate l’histoire de ce prêtre accusé de pédophilie à Lyon et dénonce le silence de l’Eglise

quand l’affaire est sortie, j’ai refusé de « hurler avec les loups », considérant qu’il s’agissait d’un coup médiatique ; par ailleurs, comme on sait que je n’ai pas d’affection particulière pour le cardinal, mon indignation aurait pu paraître insincère

ce n’est que par hasard que, récemment, je suis tombé à la maison sur ce livre ; mon épouse m’y incitant, je m’y suis plongé

je dois dire que je suis resté scotché : j’ai été bouleversé par l’ampleur de l’affaire – entre 60 et 100 enfants agressés par une seule personne – et par le silence assourdissant de mon Eglise ; j’ai aussi découvert l’importance des dégâts que causent ces crimes dans la vie des victimes

l’histoire ? c’est tout simple : un jeune vicaire arrive dans une paroisse en 1970, y monte un groupe « scout » et en exploite sexuellement des jeunes garçons pendant plus de 20 ans ; il est muté en 1991 mais reste en responsabilité dans l’Eglise

la hiérarchie ecclésiale sait depuis 1982, ne fait rien jusqu’en 1991 puis, pour toute sanction, met l’impétrant au vert dans le Roannais ; il faudra des plaintes de victimes pour que la justice soit saisie en 2016 ; le tribunal ecclésiastique ne le sera qu’ensuite

comment expliquer ?

le scoutisme de ce groupe ressemblait à celui des années 50 … celui dans lequel j’ai baigné pendant des années et dans lequel j’ai été – comme l’auteure du livre –  plutôt heureux … j’en ai gardé des traces, même si, resté aux Scouts de France, j’en ai suivi et apprécié les évolutions

la dérive du groupe lyonnais a été permise par la confusion des rôles : dans le scoutisme traditionnel, la maîtrise est assurée par le collège des chefs – de patrouille, de troupe, de groupe – ; l’aumônier, en charge de l’animation spirituelle, n’a pas de rôle d’encadrement

j’ai souvenir – je devais avoir 13 ou 14 ans – d’un conflit qui m’avait opposé à l’aumônier de ma troupe lors d’un camp – nous en étions venus aux mains – parce qu’il avait outrepassé son rôle ; il a pourtant fallu m’en confesser, le camp terminé, tant la personne du prêtre était alors intouchable

ce n’est pas un hasard si le groupe incriminé ici n’était membre d’aucun des mouvements scouts officiels : cette dérive aurait été percée à jour et peut-être les crimes évités

la responsabilité des parents – mettre ses enfant dans un groupe marginal – et celle de la paroisse est évidemment engagée ; mais tout le monde était satisfait : le groupe fonctionnait à merveille et le recrutement tournait à plein : il n’y a pas beaucoup d’exemples de groupes de 400 jeunes

et, au fond, une troupe qui marche au pas, dans les années post-68, lorsque la société s’agite –  y compris l’Eglise, surtout à Lyon – un groupe où l’ordre règne – en surface -, c’est plutôt bien vu … donc l’Eglise fait confiance ; quant aux parents : on ne critique pas l’Eglise ! … tout le monde ferme les yeux et … les oreilles …

résultat : 21 ans de pédocrimes impunis à ce jour, une Eglise déconsidérée et des familles bouleversées leur vie durant par la faute d’une organisation aveugle ou lâche

Daniel Gendrin

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