ce matin, à 6 heures et demie, tout près, là, dans le lierre, 2 mésanges, magnifiques et indifférentes … il y a tellement de temps que l’on n’en avait vues … la vie continue …
toi, hier après-midi, après la visite habituelle, tu t’es endormie, tranquille, définitivement
tu avais eu la délicatesse de nous laisser, tout au long de ces mois, le temps de nous y préparer … nous t’avons visitée, tous et toutes, jour après jour, et nous avons pu, chacun, te dire dans le secret de nos murmures que tu pouvais mourir tranquille … tu es partie sereine quand tu nous as sus prêts
quant à toi, il y a beau temps que tu l’étais et que tu disais avoir vécu ta vie
ta légende est déjà écrite, avec talent, par Etienne*
pourtant, je me souviens, d’un jour où tu regardais par dessus ton épaule … il y eut l’expression, peut-être bien, d’une nostalgie : tu avais fait de brillantes études et ta vie s’était déroulée, au coeur de ta maison, à élever ta nombreuse progéniture …
mais je sais que tu peux partir tranquille : si notre vocation ici-bas est bien de poursuivre la création, tu as, avec Pierre, ton homme chéri et ton compagnon des bons et des mauvais jours, comme le colibri, fait ta part et plus que ta part : en effet, votre fécondité ne s’arrête pas à avoir ouvert la vie à une multitude – j’anticipe – de descendants : on vous suit à la trace partout et dans tous les domaines
il y a eu, bien sûr, les réalisations visibles de Pierre : l’eau au robinet dans les villages d’Alsace, l’irrigation des terres incultes du Ried, le barrage de Kruth … bien d’autres encore …
et il y a tout ce qui sans vous n’aurait pas existé :
ici Aline enfouit le Co2, là Elise extrait le pétrole du Golfe de Guinée ; ailleurs, Mathilde et Claire publient des papiers incompréhensibles quand Etienne magnifie les exploits de ses anciens, qu’Olivier dompte ses ordinateurs pour fabriquer des pièces et Ludovic bâtit des maisons de ses mains nues
vous êtes dans les méandres d’ITER grâce à Jorg, dans le vacarme de la sono de Laurent, vous guérissez les malades avec Vincent, acquittez grâce à Bruno, fabriquez les machines de Martin
et je ne parle pas des milliers de lignes de code émis par Thomas, Christelle, François-Xavier, Matthieu et tous ceux pour qui l’écran et le clavier sont ce qu’étaient la pelle et la pioche du cantonnier
et j’oublie tous les autres, les bricoleurs et ceux qui sont loin de l’être, les professeurs, éducateurs, photographe, philosophe – et pourtant, la philosophie, ce n’était pas votre tasse de thé ! – salariés de toutes sortes, fonctionnaires, entrepreneurs …
tu aurais pu faire de la recherche ? tu en fais aujourd’hui, par délégation …
le monde est meilleur par votre contribution
la brique que vous avez ajouté à la cathédrale est essentielle à sa beauté ; elle continuera de soutenir l’édifice jusqu’à sa fin …
Daniel
- voir Comment nourrir un régiment aux Éditions Castermann
Merci et bravo, tonton ! On continue. Étienne.
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Bien cher Daniel,
Permets moi de m’asseoir un peu à tes côtés, à l’ombre du baobab de la vie de ta maman.
Tout au long de son parcours elle a incité, fait progresser et grandir de multiples membres de la famille et de personnes. Sans cesse nous avons tous, à un moment ou à un autre, chercher dans son regard la confiance qui encourage à persévérer dans l’effort, qui donne envie de viser plus haut et le moment venu, de prendre son envol.
Elle a su avec justesse et vérité faire fructifier les multiples talents des uns et des autres, parfois dans la douleur, mais toujours avec respect.
Pour ta maman l’essentiel était la richesse de l’autre.Je garde en mémoire nos moments de scrabble où les mots s’invitaient et s’inventaient triples ou doubles: elle ne sait jamais contentée de la demie mesure.
Pour ta maman, résolument orienter vers les vivants en vous offrant des petits bonheurs, le silence paisible est de mise en lisant ton message Daniel.
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